Dans la lignée des films de guerre, le chapitre Vietnam est malheureusement très fourni. Et Oliver Stone, l’un de ses porte-parole les plus efficaces. De son expérience sur le terrain, il a ramené « Platoon », puis « Né un 4 juillet », deux visions complémentaires sur un conflit dont il nous dit le plus grand mal.
Dans le premier, tout l’environnement personnel et familial des soldats est banni, au profit d’un récit totalement guerrier. Ce parti pris l’oppose à un autre excellent film du même tonneau « Voyage au bout de l’enfer » de Michael Cimino (1978) et à ce second long-métrage, réalisé une fois encore d’après une histoire vraie. Une évocation de la terrible expérience de Ron Kovic, né un 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, excellent citoyen, Marine et engagé volontaire.
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Le film retrace sa terrible épopée pour retrouver un sens à la vie qu’il voit défiler depuis son fauteuil roulant.Au départ c’est un adolescent enthousiaste et qui vétéran ,paralysé s’emplit plein d’amertume. Je l’ai regardé plusieurs fois, et je pense toujours que le prologue traîne en longueur, avec un point de vue assez manichéen sur la situation militaro-politique et les hommes en présence. A mon avis, le film prend réellement toute sa dimension, une fois le héros revenu dans sa ville natale. C’est le point de départ de tout un processus de réflexions qui le conduit à adopter une position plus nuancée sur le conflit vietnamien.
De retour au pays, Kovic ne retrouve pas les valeurs patriotiques auxquelles il était très attaché. Il va alors se battre et devenir le porte-parole des « désenchantés ».
La mise en scène d’Oliver Stone, toujours très crescendo dans sa pratique est d’une force inouïe pour dire toute l’absurdité d’un système que chaque acteur relaie de manière appropriée. Bien évidemment le pivot central, c’est Tom Cruise dont l’adaptation à chaque registre de son personnage (du va-t-en guerre au pacifiste désabusé) lui vaut tous les honneurs.
Tous les protagonistes sont à la hauteur de ses répartis avec une mention particulière pour Caroline Kava , la mère, ancrée dans sa foi et son patriotisme aveugle. Ce qui procure une scène hallucinante au cœur de la cellule familiale, relayée peu après par un combat entre « deux fauteuils roulants », alors que Kovic pense avoir trouvé son eldorado au Mexique. Rien qu’un répit à sa condition d’infirme pour la vie. Infirme pour la patrie.
Bonus :
- Commentaire du film par Oliver Stone
- Backstory : documentaire issu des archives de la chaîne NBC sur la sortie du film avec Ron Kovic, Tom Cruise et Oliver Stone
Il y a plein de belles choses dans ce documentaire, et en premier la présence de Ron Kovic, qui a inspiré le film. « Je lui avais fait la promesse de parler de son histoire » confirme Oliver Stone, qui pourtant ne réussira pas lors de sa première tentative. « J’étais désespéré » reconnaît Ron Kovic, mais dix ans plus tard, le voici « aux anges. »
Le cinéaste vient de terminer « Platoon », et on ne peut rien lui refuser. Ce sera « Né un 4 juillet », un film « sur un pays qui n’était pas hostile aux vétérans, mais indifférent à la guerre ». Sa rencontre avec Tom Cruise lui paraît surréaliste. « Sur le plateau, il me rejoignait dans son fauteuil roulant et me demandait des conseils. C’était très irritant de se voir ainsi, il me ressemblait au détail près ».
L’interviewer patenté pour le dvd n’a pas contrairement à certains français la langue de bois. Le choix de Tom Cruise, « Top gun », la droite qu’il représente, tout est passé au crible et d’ailleurs l’intéressé à des réponses plutôt convenues. « Le film ne parle pas d’un homme en fauteuil roulant, mais d’un pays invalide ».