Eclats de diamant

Publié le 05 juillet 2011 par Anargala

Quand on lit des textes des philosophies de l'Inde, il se passe la même chose que pour toute autre philosophie : il y a d'une part les arguments intéressants, mais que l'on a tendance à oublier et, de l'autre, les arguments qui nous marquent à jamais. Ce sont les arguments puissants, les dieux des univers de la dialectique. Ainsi, les Tibétains nomment "éclats de diamant" les arguments les plus forts de Nâgârjuna.
Voici ceux qui m'ont marqué :
1. Rien n'existent en dehors de la conscience, car rien n'est perçu ni conçu sans elle.
2. La conscience ne peut jamais être connue à la manière d'un objet, sinon ce n'est plus la conscience.
3. Ce qui n'existe pas toujours, n'existe jamais.
4. Tout ce qui est, est dépourvu de nature propre, "n'est ni un, ni multiple", comme disent les Mâdhyamikas.
Ensuite, on peut combiner, extrapoler, reformuler, etc. Mais ces arguments me semblent irréfutables.
Ce qui m'amène à un autre sujet passionnant. Celui du rapport entre bouddhisme et hindouisme. Ces ennemis de toujours semblent enfermés dans un dialogue de sourds, état de fait nourri par une certaine mauvais foi, de part et d'autre.
En gros, le mécanisme des polémiques bouddhistes contre hindouistes est le suivant : l'un affirme une chose au plan de la vérité relative, et l'autre le réfute en se plaçant au plan de la vérité absolue ; et réciproquement. Donc, ça peut durer longtemps. Cette histoire de distinction des deux "plans" de vérité n'est pas à prendre à la légère.
D'autant plus qu'au fond, je l'affirme, bouddhisme et hindouisme disent la même chose. Quel fond ? Ceci : la thèse n° 2 ci-dessus - hindouiste - équivaut à la thèse n° 4 - bouddhiste.
En clair, ce que les hindouistes appellent la conscience-qui-n'est-pas-un-objet, c'est exactement ce que les bouddhistes appellent la conscience-dépourvue-de-nature-propre. Voilà l'essentiel.