Il faut remercier Arte de nous avoir rappeler au bon souvenir de la série sur le porno, lors de la présentation de Xanadu (voir ICI). La série esthétique lancée par la 5e chaîne n’a effectivement que peu de rapports (consentis) avec la série cryptée, hormis peut être quelques figurants. Hard se situe bien loin de Xanadu, beaucoup plus drôle, osée, intelligente et féminine.
Retour en arrière donc, pour ce rattrapage semi-estival (à l’occasion de la diffusion toute récente des 12 épisodes de la saison 2 – la première, six épisodes, datait de 2008!), et une excellente surprise qui confirme tout le bien que l’on peut penser de la politique canalplusienne de production de série. On est même à moitié étonné de retrouver à la barre un Bruno Gaccio bien connu des couloirs de la 4e chaîne… et qui y a produit aussi quelques mini séries, dont une autour du porno, « Du hard ou du cochon! ». Mais Hard, c’est avant tout Cathy Verney, véritable showrunner de la série, qui nous offre 18 épisodes de haute volée, maîtrisés du début à la fin. Hard, c’est l’histoire de Sophie, femme bourgeoise à la vie familiale rangée (église-cuisine-dodo) qui se retrouve parachutée, à la mort de son mari, propriétaire d’une entreprise de films… pornographiques. Entre les beaux étalons, la gestion financière de la société et les recherches de nouveaux débouchés, Sophie tombe des nues, et doit faire avec une nouvelle vie pas si évidente…
C’est donc avant tout le portrait d’une femme, et le rapport du porno à la féminité. Hard ne se veut pas vulgaire, mais y va à fond. Vocabulaire, scènes, nues.. On ne voit pas grand chose, mais on devine beaucoup. L’idée n’est pas ici de cacher les choses, mais de savoir bien les présenter au grand public. Passé le cap des présentations, Hard n’est ni plus ni moins qu’une série à la Weeds, l’histoire d’une femme obligée d’accepter un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille, et basculer dans un nouvel univers. Pas de chance, la star masculine de la société lui tombera dans les bras, les volontés artistiques s’évanouiront face au capitalisme ambiant, et le passage de la cuisine aux stars du X demandera quelques concessions. Avec une bonne couche d’humour et de légèreté, servis par une bande de comédiens parfaits (Natacha Lindinger, François Vincentelli, Katia Lewkowicz, Stephan Wojtowicz, Eric Herson-Macarel …), et quelques guests de renoms (Cécile de France, Guillaume Gallienne, Denis Podalydès…), Hard bétonne les détails et ne nous offre que du bonheur, entre deux scènes un peu osées.
Hard est donc le prototype de la série produite avec attention (peu d’épisodes mais que du bon), écrite et interprétée avec brio, qui ne demande qu’à continuer. Si on ne nous épargne pas les errances de l’héroïne, en proie au doute et à l’inquiétude, tout autant qu’à la passion (après vingt années de mariage sans problème), véritable portrait de femme moderne et libérée. Les seconds rôles, haut en couleurs (pas difficile de multiplier les idées dans un tel contexte), ne se font pas oublier, et l’aspect culte de l’ensemble n’est pas très loin. On attend néanmoins avec anxiété l’annonce d’une troisième saison, après un final de saison 2 tout aussi bien foutu que le reste, offrant une belle fin en soi qui n’aurait besoin que d’une suite… Pétillante et magistralement généreuse avec son public, Hard est LA bonne nouvelle de la sitcom à la française, balance parfaite entre comédie et petite réflexion sur la société. On en veut encore!