Pourquoi le stress nous pousse-t-il à consommer certains aliments “réconfortants”, comme du chocolat par exemple, des glaces ou d'autres aliments à forte valeur calorique ou riches en graisses? C'est l'objet de cette étude sur la souris, réalisée par l'Université UT Southwestern Medical Center qui suggère que la ghréline, “l'hormone de la faim" est impliquée dans le déclenchement de cette réaction à des situations de stress élevé. Des conclusions, pertinentes aussi pour les humains, qui peuvent expliquer le développement de l'obésité chez les personnes stressées, publiées dans l'édition en ligne du 1er juillet 2011.
Les scientifiques savent que le jeûne provoque la libération de la ghréline par le tractus gastro-intestinal, et que cette hormone joue alors un rôle dans l'envoi de signaux de la faim au cerveau. L'équipe du Dr Zigman avait déjà montré que le stress chronique provoque également des niveaux élevés de ghréline et que les comportements généralement associés à la dépression et l'anxiété sont réduits au minimum lors de l'élévation du niveau de ghréline.
Chez la souris, ces hausses de ghréline induites par le stress mènent à la suralimentation et à une augmentation du poids corporel, suggérant un mécanisme pour l'augmentation de la prévalence des problèmes de poids observée chez les humains sous stress chronique et dépression. Pour cette recherche, les chercheurs ont développé un modèle de souris pour déterminer quelles hormones et quelles parties du cerveau jouent un rôle dans le contrôle des comportements alimentaires plus complexes qui se produisent lors d'états de stress, en particulier ceux qui mènent au choix d'aliments réconfortants. Les souris soumises à une technique de laboratoire standard qui induit le stress gravitaient vers une cage où des aliments gras (comfort food) les attendaient. Les souris génétiquement modifiées pour ne pas être en mesure de réagir au stress induit par l'augmentation de ghréline, n'ont montré aucune préférence vers la confort food.
"Nos résultats montrent que la ghréline est facteur dans le développement du stress et que l'augmentation de la ghréline, qui survient à la suite d'un stress chronique est probablement derrière ce comportement d'alimentation-récompense", conclut le Dr Zigman.
L'étude montre également que ces effets de la ghréline sont dus à l'interaction directe avec un sous-ensemble de neurones dopaminergiques situés dans une aire du cerveau déjà connue pour être associée au plaisir et aux comportements de récompense.
Source: Journal of Clinical Investigation doi:10.1172/JCI57660. 2011, American Society for Clinical Investigation “Ghrelin mediates stress-induced food-reward behavior in mice” et UT Southwestern Medical Center (Visuel Fotolia)