Ecouter, primordial dans nos métiers comme en santé

Publié le 05 juillet 2011 par Métamorphose

Cet article nous démontrent combien l'écoute, l'empathie devient sources de changement...


Le patient, son récit et le médecin

En 1998, j’ai publié un roman, La maladie de Sachs, qui a remporté un très grand succès en France et au Québec. À première vue, c’est la chronique d’une année dans la vie d’un médecin de famille français exerçant en milieu rural. Je dis « à première vue », parce qu’il ne se présente pas comme le journal du médecin, mais comme la description du médecin par tout son entourage – les patients, sa secrétaire, ses collègues, ses amis, sa mère et les personnes qui le croisent de près ou de loin.

Treize ans plus tard, il continue à se vendre très bien en édition de poche. À la question : « Comment expliquez-vous le succès de ce livre? » je n’ai, tout d’abord pas trop su quoi répondre. Ce sont surtout les lecteurs et lectrices du livre qui répondent à cette question en disant : le roman est raconté par les patients d’un médecin de famille; chaque chapitre est écrit à la première personne; chaque lectrice, chaque lecteur peut se voir dans un ou plusieurs de ces patients et dans le récit qu’ils font de leur vie.

Les récits de vie, les témoignages vécus et les romans médicaux suscitent des réactions puissantes dans le public. À commencer par un fort sentiment de reconnaissance. Souvent, on est surpris de constater à quel point même les fictions touchent profondément leurs lecteurs. Elles ne contiennent pas seulement des histoires, mais aussi des sentiments (ceux des personnages, ceux de l’auteur) et les lecteurs se chargent d’y ajouter les leurs. Se retrouver dans une fiction, c’est avoir le sentiment qu’on aurait pu l’écrire soi-même. Je le savais en tant que lecteur de romans psychologiques, mais j’ai découvert que mon expérience de soignant pouvait elle aussi libérer des émotions.

L’un des chapitres de La maladie de Sachs contient une tirade assez dure contre les médecins, commençant par ces mots : « Nous sommes tous des médecins nazis ». Il s’agissait d’un pamphlet écrit par le personnage central du livre, Bruno Sachs, quand il était étudiant. Ce passage, très violent, m’a fait peur quand je l’ai écrit. Je redoutais les réactions qu’il susciterait. Curieusement, personne – pas même un de mes confrères, ni les syndicats de médecins français – ne m’a fait la moindre remarque à ce sujet.

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