Après 16 ans de carrière, 6 EP’s, 6 albums et un DVD, John Butler Trio était sur la grande scène samedi soir pour offrir au public des Solidays un magnifique concert blues-folk-rock emballant.
Mon dernier concert de John Butler Trio c’était le 11 juillet 2009 à Beaulieu sur mer, dans un cadre assez atypique (Festival des Nuits Guitares). Le premier choc était de voir John sans ses dreadlocks, le deuxième choc sa musique en live. Je reviens un peu sur le look de ce beau surfeur, non parce que je n’assume « toujours » pas ma groupie-attitude, mais John sans ses locks c’est comme Kurt Cobain sans cheveux crados. Mais respectons le désir de l’artiste, comme il a dit lui-même :
That reminds me last night was my first gig without my dreads… Yes I finally cut them and it feels great ! Been thinking about it for a while and just had to do it. Although I like dreadocks, they just were’nt what I was feeling anymore and I needed a change. 13 years with the same hairstyle gets a bit boring. Feels a bit weird to be actually telling you about it cause it such a personal decision, but I know some of you were attached to them for what ever reason and I thought I’d tell you from the horses mouth (mine that is) and then you wouldn’t have to speculate. Anyway I bloody love it!
Alors John sans ses cheveux ce n’est pas comme Samson. Il a quand même gardé son talent inouï et son époustouflante présence scénique. Revenons un peu à ce concert aux Solidays, John Butler Trio (ça reste un trio puisque Michael Barker et Shannon Birchall ont été remplacés par Nicky Bomba et Byron Luiters respectivement à la batterie et la basse) nous a conçu une bonne setlist alternant les classiques du trio et les nouvelles chansons de son sixième album sorti en 2010 « April Uprising« .
J’attendais vraiment des morceaux plus « roots », plus dans une veine reggae-acoustique (oui à peine le deuxième jour des Solidays et je n’avais presque plus de force) mais qu’importe, l’énergie scénique du trio m’a charmé et captivé. Je m’en voulais encore d’avoir raté Ben Harper à la Flèche d’Or le mois dernier, mais devant John Butler les regrets se sont envolés. Les premières notes de « One Way Road » retentissent et le surfeur australien est assis et joue du lap-steel. Le groupe suit John dans ses phrasés rapides et le ton est donné : Le concert sera explosif !
Ne t’attends pas à que je te sorte la setlist dans le bon ordre et complète, pour la simple raison que du début du show jusqu’à la fin, j’ai pas pu quitter John et son groupe des yeux. Totalement charmé comme une groupie des premières heures (ce qui est le cas d’ailleurs) -bon, autant l’avouer, j’ai du m’éclipser 5 minutes le temps d’aller m’hydrater au bar-. Du dernier album, il y a eu aussi « C’mon now« , « Don’t wanna see your face« , « Close to you » ou bien l’excellent « Révolution« . Un petit regret -ou plutôt critique pas méchante-, j’ai pu remarquer un public plus captivé par les chansons du dernier album que les classiques de monsieur John.
Des anciens on retrouve l’enivrant »Océan ». Une instrumentale de 9 min en live (12 min pour la version studio) et qui d’ailleurs n’existe aucune version d’elle exactement identique. La musique n’est jamais jouée de la même façon et à chaque concert John Butler la joue différemment. On dit qu’elle change au rythme de l’océan… Il y a des artistes à instruments qui m’épatent, de Pierre Lapointe et son piano à Marc Sens et sa basse. John Butler, il y a surement plus rapide que lui niveau guitare, plus technique, mais rare sont les guitaristes qui ont son niveau avec cette touche artistique. En 9 min, j’ai plané comme personne devant un public très réceptif. Et comme un chef d’oeuvre ne vient pas tout seul, »Zebra » au riff accrocheur témoigne du talent inouï de l’australien. Avec sa mélodie séduisante (entre temps, Solidays était en Love) et la voix étonnante de John, on en ressort avec un grand sourire. Un grand moment de folie où on finit par se prendre au jeu d’accompagner les chœurs pour le fameux papapalala palapala papapalala… (et je t’interdis de dire que je chante faux !).
Le grand sourire était présent aussi sur « Better Than« , une chanson rythmique « sautillante » où John Butler troqua sa guitare contre un banjo (petite histoire de groupie ON : Sa petite fille s’appelle Banjo, et sur cette vidéo on peut la voir chanter avec lui sur Zébra ). Les notes fusent, se chevauchent, se mêlent et sa putain de voix finit par me transporter. Le final est époustouflant, John se donne à coeur joie sur les électriques »Close To You » et « C’mon Now » avant de clôturer en beauté sur un jam avec son bassiste sur « Don’t Wanna See Your Face« .
Il y a des jours où les voyages sont bien plaisants et avec John Butler Trio, on a visité l’Australie avec un grand sourire.
Merci au Transistor pour les photos !
Crédit Photo : Benjamin Lemaire