Magazine Humeur

Je soutien Note2be

Publié le 15 février 2008 par Christophe Ournaux

Journal télévisé, radio, internet, difficile de ne pas avoir entendu parler de note2be, le site polémique du moment où les élèves notent leurs professeurs. Ce site, qui ne rapporte rien, ou presque rien, va pourtant rapporter bien des ennuis à son éditeur, assigné en référé par un syndicat de professeurs pour avoir permit aux élèves de s’exprimer.

Sans l’avoir vu car le site est indisponible actuellement, j’ai choisi de soutenir Note2be par principes :

1°- La France est une démocratie où la liberté d’expression a un sens. Même si certains élèves n’ont pas le droit de vote, où justement parce qu’il ne l’ont pas, on ne saurait leur reprocher d’affirmer leur opinion. L’expression d’un avis, d’un jugement de valeur, ou même d’une critique est autorisé en France, et on juge même de la santé et du dynamisme d’une démocratie à sa capacité à exprimer des opinions contradictoires, à ses débats et à l’implication de ses membres. Les notes et avis des élèves, qu’ils soient justifiés ou non, désagréables ou flatteurs, ont autant droit à être exprimés que n’importe quels autres avis, de n’importe quels autres français, sur n’importe quel sujet, dans le respect de la loi française qui encadre et garantie ce droit.

2°- La notation et la critique sont le quotidien de millions de français du privé. C’est un outil puissant permettant de se remettre en question et de progresser, indispensable dans un modèle où, contrairement à celui de la fonction publique, on ne peu s’offrir le luxe de ne pas faire toujours mieux. Mais cette levée de boucliers rappelle une fois de plus combien cette corporation est rigide et farouchement opposée à tout concept de mérite, à l’exception de leur hypocrite système de notation emprunté à l’école des fans.
A l’heure où la compétition internationale laisse apparaître la faiblesse flagrante et dramatique d’une france immobilisée, refuser les ressorts classiques de l’émulation et du progrès n’augurent pas des grands changements que pourtant les français attendent, dès lors que ces changements concernent les autres …

3°- En France, internet n’est pas censuré. Avec l’avènement du web2.0, c’est aujourd’hui un lieu d’expression privilégié. La tribune longtemps confisquée par les médias, les politiques, les syndicats, et le marketing, est aujourd’hui ouverte : chacun peut y prendre place. Cette capacité d’internet a proposer des outils d’expression puissants ou a fédérer des groupes, redistribue les pouvoirs, bouscule d’anciens potentats, et définit de nouvelles règles. Et dans ce contexte, les sites qui ont vocation à exprimer des avis, à produire des évaluations de services ou de personnes en charge de services, vont, je l’espère, se multiplier. Demain, sans doute, fleuriront les sites pour évaluer les chirurgiens plastiques, les dentistes, les médecins, les avocats, les banquiers, les commerçants, … et c’est un grand bien pour tous, l’occasion de s’exprimer pour les uns, et de progresser pour les autres.

Gageons que cette année, peu de professeurs de français feront lire à leurs élèves le Mariage de Figaro, de peur de devoir commenter la phrase de Beaumarchais : “Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur; … il n’y a que les petits hommes, qui redoutent les petits écrits.”


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