Depuis plusieurs mois, les initiales Wu Lyf (World Unite Lucifer Youth Foundation) résonnent sur la toile sous le coup de nombreuses conjectures quant à la véritable identité de cette communauté aux allures de secte. À l’origine, quatre jeunes musiciens de Manchester désireux de se faire connaître d’eux-mêmes. Si leur ambition première était donc de se tenir à l’écart de toute promotion, de fuir la hype comme la peste, c’est pourtant l’effet inverse qui s’est produit. Car, le voile de mystères qu’ils ont bâti n’a cessé de susciter la curiosité. Avant même d’avoir produit le moindre enregistrement, le quatuor bénéficiait déjà d’une solide réputation.
Sa musique a commencé alors à se préciser avec quelques morceaux dévoilés en téléchargement gratuit sous condition de s’aventurer sur un site web sinueux, tapissé de slogans révolutionnaires. Puis, le mysticisme revendiqué de Wu Lyf se parachevait avec la sortie d’un premier vrai clip signé Jamie Allan – mis à part les quelques collages photos de manifestations – où l’on voyait des indigènes saigner de la peinture. Ce n'est que le 23 mai 2011 que paraissait leur premier effort, autoproduit, et mixé par Paul Savage (The Delgados, Mogwai, Arab Strap).
Ce qui frappe aux premiers abords dans la musique du quatuor c’est cette voix furieuse, ce timbre érayé et plaintif d’Ellery Roberts qui s’évertue sur une instrumentation épique : un orgue grandiloquent, une guitare au son clean et claquant menés par une rythmique basse/batterie tribale et afro. La formule n’est pas nouvelle et la musique du quatuor n’échappe pas à toute catégorisation. Elle lorgne souvent du côté du math-rock et les guitares répétitives et viscérales évoquent trop souvent les Foals sans toutefois les égaler. C’est même carrément flagrant sur certains titres comme "Cave song" ou "Summa blis".
L’énergie qui se dégage des compositions et ses envolées épiques évoquent également les canadiens d’Arcade Fire période Neon Bible pour son côté religieux. Dans l’un comme dans l’autre, l’orgue y est omniprésent, installe l’ambiance d’un morceau ("Such a sad puggy dog") avant d’amorcer les roulements de caisse claire.
Les dix titres s’étirent en une longue litanie nimbée d’une réverbe d’église. On ne s’étonnera donc pas d’apprendre que l’album a été enregistré, une fois n’est pas coutume, dans une église près de Manchester. Tout comme les derniers opus de Tim Hecker et Timber Timbre, Go Tell Fire To The Moutain se voit enveloppé d’une réverbe naturelle qui s’avère toutefois étouffante pendant les 45 minutes du disque. Ajouté à cela, la voix d’Ellery Roberts, toujours sur le même débit, qui finit inévitablement par lasser. Voilà donc le grand défaut de cet album : son manque de contraste, de nuances, qui lui auraient permis d’être un grand disque, aussi grand que nos attentes. Ainsi, des titres réussis comme "We bros" ou "Dirt" auraient tiré leur épingle du jeu.
En bref : si le savant mystère développé autour de ce groupe augurait du meilleur, les dix titres de ce premier opus n’ont rien de foudroyant. Espérons toutefois, qu’ils franchiront le cap du second album.
"We bros" :
Le clip de "Concrete Gold" :
Le site officiel