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En difficulté dans les sondages, l'été peut être le moment pour bâtir une stratégie nouvelle pour le leader de République Solidaire qui a vécu un premier semestre 2011 particulièrement délicat. Il lui faut désormais trouver les "nouveaux reliefs" qui vont changer l'ordinaire et donner de la lisibilité populaire à sa démarche.
En avril 2012, les Français vont voter pour une destinée, pour un spectacle, pour un gagnant.
La destinée, c'est le choix du candidat perçu par l'opinion comme le plus apte à sortir le pays de la crise généralisée. Nicolas Sarkozy va chercher légitimement à capitaliser les réactions qui furent les siennes à l'automne 2008. Il pourra compter sur l'expérience ainsi acquise. Pour les autres candidats, la destinée reste à écrire.
Le spectacle, c'est le morceau d‘Histoire raconté par un cursus et par le sens perçu de la campagne. Là aussi, pour l'instant, l'opinion ne lit que 4 "spectacles" :
- Nicolas Sarkozy et l'énergie qui a déprésidentialisé la fonction avant de trouver un nouvel équilibre à stabiliser,
- François Hollande ou le candidat "ordinaire" mais qui doit encore écrire la page où il se distingue de la "banalité" qui l'éloignerait de la stature présidentielle,
- Martine Aubry où la gauche classique et la candidature du devoir pour ne pas dire du remplacement,
- DSK ou la promesse "trompée" dans les rapports à l'argent comme à la morale et peu importe sur ces deux volets les issues judiciaires américaines.
Toutes les autres destinées restent à écrire car l'opinion considère les autres personnalités comme très virtuelles dans un rapport encore éloigné à la candidature définitive.
Le gagnant, c'est celui qui va devenir d'abord le maître du temps de la campagne, qui poussera les autres à la faute, qui réagira plus vite, qui incarnera l'énergie qui doit donner demain une espérance pour chacun.
Pour l'instant, Nicolas Sarkozy a un net avantage sur ce terrain avec une puissance de feu considérable comme il a pu et su le montrer la semaine de candidature de Martine Aubry où tout l'agenda a marginalisé cette annonce supposée pourtant être un point de départ majeur.
Dans ce contexte général, pour rebondir, le leader de République Solidaire doit reconstruire ses "reliefs" pour qu'ils soient visibles pour l'opinion.
Il ne s'agit plus de parler d'anti-sarkozy mais de propositions concrètes, crédibles, réalistes sur les sujets majeurs pour le quotidien immédiat de l'opinion.
Il ne s'agit pas d'évoquer une quelconque candidature parmi les autres mais au contraire celle qui se détache de toutes les autres parce qu'elle porte un modèle français toujours réaliste et ambitieux.
Il ne s'agit pas de laisser place à une riposte mais à une action offensive soutenue qui "fasse la météo" non pas tous les 15 jours mais de façon quasi-permanente.
Sans de tels nouveaux reliefs urgents, Dominique de Villepin risque d'évoluer vers une campagne "entre deux âges" : ni héritier reconnu de Chirac ni principale alternative à Nicolas Sarkozy. Les campagnes de ce type font des résultats "entre deux scores", certes pas la défaite désastreuse mais jamais davantage la victoire.
Les deux mois d'été seront probablement tout sauf des vacances pour les principaux dirigeants du parti de l'ancien Premier Ministre car s'il devait débuter septembre comme il a fini juin, la campagne 2012 risquerait de devenir alors très très difficile.
Ce sont des circonstances de ce type qui constituent souvent le meilleur aiguillon pour les bons tremplins car elles sont le marqueur des tempéraments performants.