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Agriculture: le bio s'impose comme le modèle à suivre

Publié le 04 juillet 2011 par Bioaddict @bioaddict

Agriculture: le bio s'impose comme le modèle à suivre

Les pratiques de l'agriculture sont aujourd'hui multiples : agriculture bio, raisonnée, durable, traditionnelle, et bientôt de haute qualité environnementale. Mais aujourd'hui, c'est bien l'agriculture bio qui se développe de façon soutenue et qui montre la voie en matière de santé, et de préservation durable de la biodiversité et de l'environnement.

Longtemps, l'agriculture n'a été évaluée que sur son rendement, ce qui a conduit au développement de pratiques " productivistes ", au détriment de l'environnement. Ce dernier n'a été pris en compte au sein de la PAC (Politique Agricole commune) qu'en 1985, dans Le Livre Vert. Désormais, l'environnement a pris une importance tout autre... Et le consommateur veut des produits de qualité. Qu'est ce que cela implique pour les agriculteurs ?

Limiter l'emploi des produits phytosanitaires (pesticides), des fertilisants, voire exclure les produits de synthèse comme le fait la filière bio, représentent les premières mesures auxquelles on pense. Mais le terrain est bien plus complexe que l'on croit, et l'évolution des pratiques des agriculteurs leur fait changer durablement de regard sur leur métier.

L'agriculture bio : un strict cahier des charges

L'agriculture biologique correspond à un mode de production spécifique, prenant en compte des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et du bien-être animal. Le 1er janvier 2009, la nouvelle réglementation européenne est entrée en vigueur : le règlement (CE) n°834/2007 a remplacé le règlement (CE) n°2092/91 modifié. Les modalités d'application résident dans le règlement (CE) n°889/2008.

L'agriculture biologique est fondée notamment sur :

- L'interdiction des produits chimiques de synthèse : pesticides (herbicides, insecticides, antifongiques), et engrais ;
- L'Interdiction des OGM 
- L'interdiction des cultures hors sol
- L'interdiction de l'irradiation pour la conservation des aliments
- Le recyclage des matières organiques
- La rotation des cultures
- L'interdiction de l'usage des antibiotiques et hormones pour traiter les animaux. Les traitements doivent être basés sur des médecines douces, homéopathie, phytothérapie et aromathérapie. Le recours à d'autres traitements n'est autorisé qu'en en cas de besoin impératif et dans des conditions très strictes. Au-delà, l'animal est déclassé et la viande n'est plus labellisée bio.

" Cela a été très difficile d'amorcer le système " souligne Claude Monnier, président de la chambre d'agriculture de Belfort et référentagriculture biologique pour les chambres d'agriculture, " mais désormais la machine est lancée, même si le processus est lent ".

Certes, le nombre d'exploitations bio ne représentent encore que 4% du nombre total des exploitations agricoles françaises. Mais l'évolution est remarquable : de fin 2008 à fin 2010, le nombre d'exploitations bio a bondi de 55%, passant de 13 298 à 20 604.

" L'effort est présent dans l'ensemble des départements français ". Malgré de fortes disparités selon les régions : si la Provence-Alpes-Côté d'Azur se place en tête avec 10.5% de ses surfaces utiles cultivées en bio (le département Drôme étant largement en tête avec 13.1%), suivie du Languedoc-Roussillon (7.9%), la Picardie n'est qu'à 0.5%, le Nord Pas de Calais 0.7% et la Champagne Ardenne 1%. Les Pays de la Loire, la région Midi-Pyrénées, la Franche-Comté et l'Alsace se situent autour du niveau national (4.1% ; 4.6% ; 4.7% ; 4.5%).

Le temps est loin où le bio était source de moqueries. Il a acquis toute sa légitimité, et ne se veut pas une caste à part : " l'important " souligne C. Monnier " est de travailler de concert entre agriculteurs. Le développement de la bio permet une passerelle avec l'agriculture conventionnelle. En effet, l'agriculture bioreprésente un laboratoire d'essai grandeur nature en ce qui concerne la recherche et la technique ". Les techniques bio peuvent être profitables à tout le monde.

Un exemple : les désherbants chimiques de synthèse ne sont pas permis en bio. Alors, pour se débarrasser des mauvaises herbes, il faut trouver d'autres moyens. Des machines permettent de les broyer ras tout en évitant les plants de culture. Ce qui peut intéresser d'autres agriculteurs désireux de préserver l'environnement.

Saluons l'initiative des Chambres d'Agricultures qui organisent la troisième édition du Salon professionnel Tech& Bio en septembre 2011 au lycée Le Valentin dans la Drôme, où de nombreuses démonstrations techniques auront lieu. D'autres thèmes de fond seront abordés, comme l'autonomie énergétique des exploitations ou la valorisation des co-produits de la bio. 12000 visiteurs sont attendus. Le salon est soutenu, entre autres, par le Ministère de l'Agriculture et pour la première fois par l'Union Européenne. Les Assisses européennes de la bio s'y tiendront également. www.tech-n-bio.com

L'un des grands avantages du bio est l'organisation par filière (arboriculture, élevage...), et la transmission jusqu'au consommateur de la démarche entreprise en amont, via le logo AB (français) ou le nouveau logo européen. Ce dernier est obligatoire depuis le 1er juillet 2010 sur les nouveaux étiquetages des produits alimentaires pré-emballés d'origine européenne.
Rappelons que les denrées alimentaires pouvant apposer les logo AB et européen contiennent 95% et plus d'ingrédients d'origine agricole biologique (hors eau et sel), la part restante étant non disponible en bio et expressément autorisée.

Le bio nécessite observation et prévention

" Le bio est beaucoup plus technique, il faut beaucoup de prévention et d'observation des cultures " éclaire Claude Aurias, président de la chambre d'Agriculture de la Drôme. D'une agriculture où l'on élimine les indésirables à coup de produits chimiques, on est passé à une agriculture où l'équilibre naturel est primordial. Ce qui implique d'être attentif en permanence à ce qui se passe sur le terrain.

Les problèmes d'insectes représentent ainsi une gageure. L'équilibre de la faune et de la flore des parcelles de champ utilisées représentent une première barrière contre des invasions potentielles. Certains insectes peuvent être leurrés localement avec des pièges à phéromones (substances que produisent normalement les femelles). Mais si jamais trop d'insectes sont présents, les agriculteurs doivent parfois faire appel aux pyréthrines (insecticides d'origine naturels et autorisés en bio). Dans certains cas, il n'existe pas encore de solution naturelle. C'est pourquoi les cerises bio n'existent que très peu (sauf les cerises précoces), à cause de la " mouche de la cerise " qui plante ses oeufs dans les fruits.

Pour la santé des animaux, mêmes exigences. L'éleveur les examine avec soin. Car exit les pratiques de traitements systématiques que connaissent les élevages intensifs. Les agriculteurs suivent des formations de médecines alternatives : phytothérapie, aromathérapie, etc... Cette dernière montre des résultats étonnants. Un exemple : certaines maladies - comme la mamitte ou inflammation des mammelles - sont soignées avec un cocktail d'huiles essentielles de lavande, tea tree, ravintsara et clou de girofle !

Agriculture raisonnée : un manque de visibilité

C'est en 1993 que l'Association FARRE (Forum pour une Agriculture Raisonnée Respectueuse de l'Environnement) lance le concept " d'agriculture raisonnée ", qui souhaite également mieux préserver l'environnement.

" Les deux grandes différences avec l'agriculture biologique " explique Claude Richard, responsable des relations presse de FARRE, " sont le niveau d'approche et le niveau d'exigence ". En effet,l'agriculture biologique favorise une approche par production/filière - une exploitation n'est pas forcément certifiée bio dans sa globalité, alors que l'agriculture raisonnée a une approche globale de la gestion de l'exploitation. Et rappelons que cette dernière permet l'utilisation de produits phytosanitaires " quand cela est nécessaire et justifié ", alors que le bio exclut tout produit de synthèse.

L'agriculture raisonnée ne possède pas de cadre réglementaire européen, chaque pays ayant ses critères spécifiques. En France, une exploitation agricole peut être certifiée si elle satisfait aux exigences contenues dans le référentiel national de l'agriculture raisonnée - qui relève du Ministère de l'Agriculture - mis en place depuis 2002. A ce jour, 3000 exploitations sont certifiées.

Ce référentiel inclut de nombreuses thématiques, tels que la connaissance de son exploitation et de son environnement (de nombreux agriculteurs ont ainsi suivi des formations), la gestion des sols, la fertilisation minérale et organique (en réduisant les risques de pollution du milieu naturel par les fertilisants)...

Cette démarche globale en France souffre pourtant d'une faible reconnaissance : " c'est une approche d'exploitation, mais il n'y a pas de logos ou de signes apparents sur les produits " déplore C. Richard. Comment le consommateur peut-il connaître les démarches engagées par les agriculteurs ?

Agriculture durable : un réseau de groupes locaux

Des groupes de paysans travaillent depuis de nombreuses années à une agriculture plus autonome et économe. Leur démarche : moins d'engrais, moins de pesticides et moins d'aliments pour le bétail. Mais " moins " n'est ce pas encore trop ? Le Réseau Agriculture Durable a été fondé en 1994. Environ 2000 exploitations travaillent dans ce sens.

Certification environnementale : le pari sera-t-il tenu ?

Initiée en 2007 avec le Grenelle de l'Environnement, et donc par le Ministère de l'Ecologie, la certification environnementale a enfin ses décrets (publiés le 21 juin au Journal Officiel). Le dispositif devrait être opérationnel au cours du second semestre 2011.

Pour le monde agricole, ce concept environnemental apportera plus de confusion qu'autre chose... Le Ministère de l'Ecologie ayant voulu appliquer cette démarche à l'agriculture, qui a déjà son ministère et qui est déjà engagée dans de nombreuses voies telle que le bio ou le raisonné. Sans compter que la question de l'incitation financière, un temps évoquée, ne s'est pas concrétisée.

La certification se fera en trois niveaux :

- Le premier niveau est obtenu si l'exploitant a réalisé un bilan démontrant que son exploitation satisfait aux exigences relatives à l'environnement et à la santé des végétaux et animaux mentionnés à l'article 5 du règlement n°73/2009/CE.

- Le second niveau, dénommé " certification environnementale de l'exploitation " s'appuie sur des obligations de moyens correspondant à des exigences environnementales figurant dans un référentiel établi par le Ministère de l'Agriculture. Parmi lesquelles : identifier et protéger les zones sur l'exploitation les plus importantes pour le maintien de la biodiversité ; adapter l'utilisation des produits phytopharmaceutiques ; stocker les fertilisants et en raisonner les apports ; optimiser les apports en eau.

- Le troisième niveau, qui permet l'utilisation de la mention"exploitation de haute valeur environnementale" atteste du respect, pour l'ensemble de l'exploitation agricole, des seuils de performance environnementale portant sur la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et de la ressource en eau. Ces seuils sont mesurés soit par des indicateurs composites, soit par des indicateurs globaux.

La Commission Nationale de la Certification Environnementale devrait être opérationnelle en septembre 2011, afin d'accompagner la mise en place de ces démarches.

Des équivalences devraient être possibles avec le niveau 2, totales ou partielles. Ainsi, selon le Ministère, les exploitations agricoles certifiées " agriculture raisonnée " auront l'équivalence avec le niveau 2. En ce qui concerne l'agriculture bio les décisions ne sont pas encore fixées.

Agriconfiance, une démarche privée pour un management de la qualité de la production agricole, devrait également avoir une équivalence totale ou partielle avec le niveau 2.

Caroline Chavigny

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le bio :
www.agencebio.org 
wwwwww.chambres-agriculture.fr 
Sur l'agriculture raisonnée : www.farre.org 
Sur l'agriculture durable : wwww.agriculture-durable.org 
Site du ministère de l'agriculture : www.agriculture.gouv.fr


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