Où que vous soyez, il faut que vous glissiez cette bande dessinée dans votre besace. C'est un vrai régal de lecture !
Le Viandier de Polpette raconte l'histoire d'un ancien militaire (Polpette), chargé de nourrir les troupes durant la guerre, et qui s'est reconverti dès lors qu'il a découvert le petit paradis qu'est le Coq Vert. Ce lieu-dit appartient au jeune Fausto de Scaramanda, un fils de comte qui a connu l'exil dès son âge tendre et qui a su rendre cet endroit unique et au charme bucolique irrésistible.
C'est, par excellence, le lieu de perdition d'une petite communauté attachante et atypique, on y trouve Alméria, la responsable des bains, madame Sweep ou mademoiselle Emma, de parfaites soubrettes redoutablement efficaces, messieurs Diego Suarez et Léopold, deux clients qui font partie des murs, Andrew le spécialiste des cocktails qui ne décroche jamais un mot, sans oublier Biryani l'intendant et Polpette notre cuisinier taiseux qui exprime tout son art dans ses petits plats (à souligner, "viandier" signifie "livre de recettes" en vieux français).
Non seulement c'est drôle, particulièrement cocasse et truculent, et c'est fichtrement gourmand ! On pourrait se contenter de se fondre dans cette ambiance délicieuse, le lecteur est déjà séduit, mais le scénario nous réserve quelques surprises (le retour du père de Fausto, par exemple). De plus, c'est une bd qui propose un brassage d'inspirations littéraires tout à fait étonnant (on parle de "sweet fantasy", mais pas seulement). Ce mélange des genres peut déstabiliser même s'il révèle aussi une volonté de proposer un univers à part très pertinent (et auquel j'ai vraiment adhéré !).
Cette lecture vous transporte et ça fait un bien fou, ce n'est pas anodin si on trouve l'allusion à une "bulle" qui vous coupe du reste du monde, car vous quittez le Coq Vert avec une pointe de nostalgie et beaucoup de regret. (De prochaines aventures sont annoncées - ouf !)
Le Viandier de Polpette - Olivier Milhaud & Julien Neel
Gallimard, 2011.