«À bas la monarchie !», hurle inlassablement la foule massée devant l'Institut de tourisme et d'hôtellerie de Montréal, où William et Kate soupent ce samedi soir. Quelques heures plus tôt, le duc et la duchesse de Cambridge ont été chahutés par d'autres manifestants, lors de la visite d'un hôpital pour enfants montréalais. Le couple princier fait profil bas au Québec. Il évite ces bains de foule qui lui ont si bien réussi à Ottawa, jeudi et vendredi.
«La monarchie est une institution dépassée. Nous, Québécois, nous ne voulons pas faire partie du Canada», confie Coralie Laperrière, une jeune manifestante indépendantiste. «Ce voyage princier est une honte pour le Canada. C'est abominable. William et Kate sont très riches. Nous payons leur voyage avec nos impôts», déplore un autre protestataire. Voici, à quelques pas de là, les indépendantistes du Réseau de résistance du Québécois (RRQ). Des purs et durs de l'indépendance du Québec qui brandissent des drapeaux fleurdelisés et des affiches proclamant : «William, dégage !» Si le RRQ s'apparente plus à une équipe de pieds nickelés qu'à un groupement sérieux, il parvient toujours à perturber les visites royales. En 2009, le prince Charles, copieusement bousculé, avait dû se réfugier dans une caserne montréalaise.
La tradition antiroyaliste est forte au Québec. Un indépendantiste résume : «La monarchie britannique glamour ne nous fera pas oublier ce qu'elle représente : l'asservissement d'une nation.» En 1964, la venue de la reine Élisabeth II a provoqué de telles émeutes, violemment réprimées, que les Québécois se souviennent de ce moment comme du «samedi de la matraque». Lors de ses voyages au Canada, la reine évite désormais la Belle Province. Cette fois, les antimonarchistes ont donné très vite le ton. Le député du parti de gauche Québec solidaire, Amir Khadir, a traité récemment le couple royal de «parasites», provoquant l'ire de la presse anglaise.
Samedi soir, la frégate Montréal a appareillé pour Québec avec le couple princier à son bord, où William et Kate devaient passer quelques heures dimanche, attendus de pied ferme par des manifestants. Le voyage des Windsor dans la Belle Province n'est qu'une visite éclair de vingt-quatre heures. Si l'accueil réservé au duc et à la duchesse de Cambridge a été glacial à Montréal, il devrait être plus enthousiaste à Charlottetown, la capitale de l'Ile-du-prince-Édouard. Les jeunes mariés devaient y arriver dimanche soir pour assister le lendemain à des opérations de sauvetage en mer. Après un détour demain à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, le Grand Nord canadien, William et Kate termineront leur périple par Calgary.
Le couple princier chaussera des bottes de cow-boy pour regarder le traditionnel rodéo local. Cette étape du voyage est celle qui tient le plus à cœur à Kate Middleton. Son grand-père, pilote de la Royal Air Force, y a entraîné des Canadiens pendant la Seconde Guerre mondiale. Les habitants de Calgary devraient offrir un accueil particulièrement chaleureux au couple princier. Le secrétaire canadien de la reine, Kevin MacLeod, en est persuadé et a déclaré au quotidien The Globe and Mail : «L'intérêt (des Canadiens) pour le couple est phénoménal.» Sauf au Québec, mais le plus ironique est que William y est le prénom le plus populaire depuis cinq ans.