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Je ne sais que dire ni que faire
En cet état de révolte permanente
Qui me broie et me mine
Et me coupe de tous mots
Me laissant aphone
Dans la marge d’un monde exécré
.
Sans doute me dira-t-on irascible
Peut-être trouvera-t-on dépressive
L’idée même de ne plus supporter
Un univers où l’homme n’est qu’objet à broyer
Dans le silence et l’indifférence de ses semblables
.
Chacun saura me dire
Que les choses sont ainsi
Depuis que les hommes sont hommes
Et que rien
Ni cris
Ni larmes
Ne changera rien
A l’affaire entendue
Que le mieux sera donc
De rester entre soi
A dire quelques fadaises
Sur le temps qu’il fait
Ou qu’il fera
Ou aligner des mots sans queue ni tête
Dont la profondeur sera mesurée
A l’aune de leur incompréhensible langage
.
Mais toujours je rêverai
D’appeler un chat un chat
Parce qu’il n’est pas un chien
D’appeler crime ou meurtre
Ce qui relève de ces actes de violences
Fomentés ou couverts
En ces lieux de grand banditisme
Où les portefeuilles sont rois
Et reines les cupides soifs
.
Admettons que mon temps soit compté
Que je doive pour satisfaire aux banques qui me talonnent
Répondre aux exigences d’une course
Que mes choix m’imposent
Admettons
Il n’en demeure pas moins la soif de vivre
Autrement et autre part
Que sur la rive de ce fleuve
Charriant sang et os
Dépouilles et ordures
Mêlées aux infinies lamentations
De femmes et d’enfants violés
D’ouvriers suicidés
.
La machine à broyer est certes en place
Mais elle ne fonctionne pas seule
.
Manosque, 1er juin 2011
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