LA LUMIERE QUI SEPARE…
Excès
ce qui a conduit l’être humain à être,
sous le regard veilleur de la Mère des Pluies,
sous la pensivité de la pluie tactile
qui devenait auvent, pare-soleil,
autel.
Poussée.
Résultante d’un éblouissement.
Peu à peu la chair prend les aspects d’un espace
puis elle détient ceux de l’Espace tout court.
- Comme nous sommes tous déployés vers l’horizon !
L’être s’est construit autour de son propre abîme
les ammonites ne pourront me démentir.
Je pense à toi, du haut de mon rêve bruissant
qui arraisonne l’errance de la pensée.
Bouger,
bouger, c’est ce qui a façonné l’être
car même les roches bougent, sans le savoir.
Bouger.
A la mesure de notre pensée
qui, à chaque minute, insuffle l’univers.
L’indépendance des objets dans la lumière
qu’est-ce…un retour de la pensée sur elle-même ?
Il est des mots élus du poème, gonflés
comme des voiles, pleins à craquer
de promesses,
des mots spacieux,
terriblement évocateurs,
des mots comme tirés vers l’à-perte-de-vue
receleurs d’une légèreté grésillante :
« archipel », « isthme » ou bien « bulbe galactique » ;
des mots dans le sillage desquels
on survit
parce qu’il faut porter le corps, ce sac de boue
jusqu’à la lisière de l’ondoiement
des bois.
La nuit s’agrandit, s’élargit,
prend son envol,
furieusement bat des ailes au dessus des corps
comme pour les forcer à sortir du sommeil
obscène qui tourne le dos
à sa splendeur.
On va à l’abreuvoir des conversations
on y puise un peu d’eau pour étancher sa soif
mais les conversations ne sont que des points d’eau
herbivores et prédateurs s’y reconnaissent.
Tant pis pour le sommeil, pour le corps, pour le lit
pour les herbivores et pour les prédateurs
il y a toujours la nuit pour y voir clair
avec les yeux nyctalopes de la pensée
il y a toujours, en miroir, le jour
pour faillir,
pour trébucher dans la lumière qui sépare.
14-15/08/2007.