Témoignage d'un art accompli
Toutes les architectures paysannes témoignent des techniques de construction du passé et reflètent les caractères physiques des pays auxquels elles appartiennent, sol granitique ou volcanique, plaines ou montagnes. Elles traduisent souvent un art accompli, témoin de l'adaptation architecturale à l'environnement.
Les maisons rurales sont souvent composées d'un corps de bâtiment principal comprenant une partie d'habitation prolongée d'une étable. Dans les reliefs, la maison paysanne s'accroche à la pente naturelle des versants, orientant vers le Nord, les pièces devant garder des températures fraîches, sans trop de variation, quelle que soit la saison. Les murs y sont souvent épais et les ouvertures étroites, particulièrement en montagne, permettant ainsi de se protéger des rigueurs du climat hivernal et des chaleurs de la belle saison. Si le chaume, autrefois très fréquent, a déserté les toitures, la lauze et l'ardoise demeurent très présentes, notamment en Haute-Auvergne.
En Limagne, la maison du vigneron ou du petit céréalier se fait haute. Elle est très répandue dans les vieux villages serrés et accrochés sur leurs buttes. Le rez-de-chaussée est réservé à l'exploitation ( écurie, cuvage... ) et l'étage accueille la partie d'habitation à laquelle on accède souvent par un escalier extérieur débouchant sur un perron abrité par un auvent.
La pierre de taille, particulièrement celle de Volvic, était utilisée dans les maisons bourgeoises pour souligner les encadrements de portes et de fenêtres, les escaliers et les cheminées, les lavoirs et les fontaines. De nombreuses nuances locales sont observables. Dans la région de Châteldon, l'auvent ( l'estre ) court sur toute la longueur de la maison tandis que dans les Combrailles, un grenier-séchoir ( le galetas ), est suspendu sous l'auvent. On y fait sécher l'ail et les châtaignes.
Les maisons montagnardes ont quasiment toutes un caractère massif dû à leur structure en gros blocs de basalte et leurs lourdes toitures enveloppantes. Abritées des intempéries par de vastes granges à foin, elles sont souvent orientées au Sud. Posées sur une terrasse, elles sont a demi enterrées et leur toiture descend, à l'arrière, jusqu'au sol.
Autrefois, le Cantalou vivait dans une pièce unique où trônait la grande cheminée ( le Cantou ) et où s'alignaient contre le mur, les " lits-placards ", fermés par des rideaux. Dans le Haut Livradois, l'habitation est surélevée et s'individualise par rapport aux bâtiments d'exploitation. Les toitures sont couvertes de tuiles rondes et les ouvertures à encadrement de bois, remplacent parfois la pierre.
Caractéristique de l'Auvergne, le buron est un habitat temporaire d'altitude trapu et couvert de lauzes. Il abrite le vacher durant l'Estive. Là, se préparent le fromage et le beurre que le Cantalès ( le maître du buron ) et ses " pastres " font descendre de temps à autre. Un petit nombre seulement de ces burons sont encore en activité, notamment sur les pentes du puy Violent ( Cantal ), au dessus de Salers. En Livradois et surtout dans le Forez, la famille entière montait, il y a encore peu, passer l'été sur les sommets où l'attendait la " ferme d'en haut ", solide bâtisse recouverte de chaume appelée " jasserie ".
En montagne, le chaume est remplacé par l'ardoise ou la tôle ondulée. Les plus belles couvertures sont en lauzes, dalles de phonolite ou de basalte ressemblant à de grosses carapaces en forme d'écailles. Très lourdes, elles obligent à une forte inclinaison du toit et une puissante charpente. En plaine, la vieille tuile ronde et rustique, associée aux rangées de génoises, qui rendaient compte par leur nombre, de la richesse du propriétaire de la ferme, recule devant la tuile mécanique, plus stable et plus résistante.
Souvent indépendant de la ferme, le pigeonnier est très répandu en Limagne. Carré ou circulaire, à l'étage, il est souvent couvert d'une toiture de tuiles. Plusieurs variantes existent : sur pilotis à colombage, coiffé d'un toit pyramidal avec lanterneau ou sur porche à l'entrée d'un domaine. Les grilles d'envol étaient souvent décorées de fresques, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pigeonnier, caractéristique propre à l'Auvergne.