Depuis le départ de la saga Transformers (2007), on fait confiance à Michael Bay, le golden boy hollywoodien du film d’action à grande échelle, pour nous fournir la ration nécessaire de grosse baston qui tue sa race. Evidemment, éloigner les aficionados de film intellectuel ou simplement intelligent, on fricote ici avec le zéro absolu de philosophie globale ou de neurones qui pense. Pour lui rendre hommage, à ce Michel Bay (en VF), il était hors de question de voir le film en screener pourri sur un écran minuscule. Direction l’Imax, la 3D, le son Surround et la claque technologique qui te démonte la mâchoire.
En jouant à fond la carte du grand spectacle, ce troisième volet de Transformers se regarde très facilement. Plus que les premiers d’ailleurs, bombes clipées à mort dopées aux méthamphétamines d’un montage épileptique et bourrin. Bay avait gavé ses films, après une carrière bien portée sur les gros effets qui déménagent. Pas question de maltraiter les robots de Transformers autrement ; on pourrait même avouer que c’est là son sujet idéal, repassé par lui-même par la case création, loin des dessins animés d’origine. Troisième film donc, et rien de nouveau à l’horizon si ce n’est la nouvelle couche nécessaire. Decepticons et Autobots se fracassent la gueule à grands renforts de nouveaux venus, un certain Shia LaBeouf trottine à côté, et qu’une blondasse est venue remplacée la brune qui a dit du mal du réal’. En dehors de cela, vous n’y trouverez pas les germes d’une refonte de l’univers ou d’une tentative d’obtenir l’Oscar du meilleur film ; Transformers 3 est bien la suite des deux premiers, surenchère pyrotechnique et visuelle à l’appui, confirmant que le succès aidant, les budgets gonflent.
Dans tout ça, Bay a quand même trouvé le temps de s’amuser un peu plus avec ses jouets. Offrant une 3D propre et nette, très technique, à des combats époustouflants (le film offre pas mal de blablas inutiles et gavants, nécessaire pour une certaine tranche du public apparemment.. mais se rattrape largement lorsque les robots en viennent aux mains), beaucoup plus lisibles que les premiers. Plus besoin de découper à mort la chose, désormais Bay sait ce qu’il fait, et laisse le temps aux plans de parler. Bon, ça ne sauve pas le film du naufrage artistique concernant la finesse du scénario (finesse en nombre de pages, pas dans les détails..), qui décidément n’arrive pas à proposer quelque chose de réellement intéressant. Mais le réalisateur invite quand même quelques belles têtes, cette édition étant spéciale Coen ; Frances McDormand, John Turturro (là depuis le premier) ou John Malkovich de passage. Même Patrick Dempsey ou Ken Jeong (Community) s’offrent des parts du gâteau! Le spectacle est donc complet. Ajoutez une violence non contenue, entre robots, avec démembrements, arrachage de colonne vertébrale ou décapitation fumante (ça reste de l’acier), et quelques plans stupéfiants en plein air, nous voilà avec pas mal d’arguments pour proposer de voir Transformers 3 dans de belles conditions.
En quelques mots, ce troisième volet (le dernier de l’équipe actuelle – le dernier tout court?) ne révolutionne pas notre approche de la saga, toujours aussi massive et non intellectuelle, mais on apprécie pour le grand spectacle. Bay n’y gagnera pas de galons d’auteur, mais se calme un peu sur les effets, tout en bénéficiant de technologies de pointe. Un bon moment de castagne sans demi mesure, et sans honte!