C'est ce que suggère cette nouvelle analyse de l'International Commission for Non-Ionizing Radiation Protection Standing Committee on Epidemiology (ICNIRP ou Commission internationale de protection contre les rayonnements non-ionisants) qui risque de déplaire à tous ceux experts ou usagers qui soutiennent l'hypothèse que l'utilisation du téléphone portable augmente le risque des principaux types de tumeur du cerveau, le gliome et de méningiome. Car, après analyse de l'ensemble des données disponibles, en particulier celles issues de la dernière étude Interphone et suivi des taux d'incidence des cancers du cerveau depuis 20 ans, ces chercheurs concluent à une accumulation de preuves qui irait plutôt à l'encontre de l'augmentation du risque de gliome. Des conclusions publiées dans le dernier numéro de la revue Environmental Health Perspectives.
Au cours des 15 dernières années, l'utilisation du téléphone mobile a explosé avec plus de 4,6 milliards d'abonnements dans le monde entier. Si les préoccupations du public sur l'effet cancérigène des téléphones mobiles sont légitimes, si en mai dernier, l'OMS déclarait le caractère cancérigène possible des radiofréquences (“Radiofrequency electromagnetic fields are possibly carcinogenic”) et reconnaît ainsi le risque possible, dans le développement des gliomes, des radiofréquences électromagnétiques, associées en particulier à l'utilisation des téléphones sans fil, l'interrogation subsiste encore. En Europe, la Commission permanente de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), a adopté au 27 mai, une résolution qui appelle les gouvernements à prendre toutes les mesures raisonnables pour réduire l'exposition aux champs électromagnétiques, notamment aux radiofréquences émises par les téléphones portables.
Le Professeur Anthony Swerdlow, de l'Institut de recherche sur le cancer (ICR) a examiné à nouveau les données sur le lien éventuel entre l'utilisation du téléphone portable et le risque des principaux types de tumeur du cerveau, le gliome et de méningiome, avec une attention toute particulière sur la dernière publication de l'étude Interphone, portant sur 13 pays. Selon les chercheurs, les déficits méthodologiques limitent les conclusions qui peuvent être tirées d'Interphone, mais ses résultats, combinés avec ceux d'autres études épidémiologiques, biologiques et animales, et sur la base des incidences des tumeurs du cerveau, suggèrent qu'après 10 à 15 ans d'utilisation d'un téléphone mobile, une augmentation significative du risque de tumeurs du cerveau chez les adultes semble peu probable. Ils vont même jusqu'à suggérer que, selon les statistiques nationales, il n'existe aucune preuve d'une augmentation des taux de tumeur au cerveau même après 20 ans d'utilisation dont 10 années d'utilisation quotidienne.
Les données sur les tumeurs de l'enfant, sur des périodes d'utilisation de 15 ans font actuellement défaut.
Les auteurs concluent que s'il subsiste encore une certaine incertitude, la tendance des données qui s'accumulent vont, au fil des années, de plus en plus contre l'hypothèse que l'utilisation du téléphone portable puisse provoquer des tumeurs du cerveau chez les adultes. Les données sur l'évolution des taux de cancer au cours des prochaines années devraient permettre d'identifier ou de récuser le lien entre utilisation du téléphone mobile et cancer du cerveau.
Si ces tendances de taux de cancer n'évoluent pas ces prochaines années, l'absence d'incidence devriendra de plus en plus vraisemblables, concluent les auteurs.
Source: Environment Health Perspectives doi:10.1289/ehp.1103693 "Mobile Phones, Brain Tumours and the Interphone Study: Where Are We Now?"
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