Cold Prey, pour ceux qui l’ignorent encore, c’est cette trilogie de slasher movies venus de Norvège, immenses succès locaux au box office. Des films, qui s’ils empruntent tout aux codes du genre, ont su aussi s’en démarquer : attention particulière portée aux personnages, pieds-de-nez faits aux chemins balisés, naissance d’une nouvelle scream queen scandinave très Sigourney Ripley Weaver. Même si la partition intense de l’actrice Ingrid Bolsø Berdal, une nouvelle fois nominée aux Césars norvégiens pour son rôle, vaut à elle seule le détour, on peut aussi chercher ailleurs les explications de cette réussite. Dans l’utilisation habile du cadre, notamment. Mats Stenberg (nouveau réalisateur et aucune baisse de régime ressentie), troque l’hôtel abandonné du premier volet contre des couloirs d’hôpitaux, et les adolescents snowboarders contre flics et infirmières. Cette fois-ci, ce Jason Voorhees en chapka va casser de l’uniforme ! Et ça marche plutôt bien !
Jeux sur l’obscurité, atmosphère anxiogène, inversions inattendues des schémas habituels (le croquemitaine des neiges est carrément sauvé par ses futures victimes !), Cold Prey II s’en donne à cœur joie sur le terrain de l’efficacité. Plus musclé que le premier volet, plus resserré aussi, le film gagne en rythme et noirceur, sans pour autant sacrifier la judicieuse présentation prolongée de ses protagonistes. Une pointe de féminisme latent par-ci (la question du statut de la femme en Norvège est d’une grande importance), une pincée d’humour par-là, et ce Cold Prey 2 se paye le luxe de s’insuffler une âme en plein carnage. Le film d’horreur en lui-même s’en trouve ainsi transcendé : il n’y est plus question de cadavres que l’on empile bêtement, mais de sacrifiés que l’on pleure vraiment.
Lire la critique du premier volet.
Sortie DVD : 2010.