GRUBB
Il n’y a pas à dire, les jeunes de GRUBB dégagent une énergie rare. Talentueux, beaux et fiers, ils nous font part, en musique, de leur réalité quotidienne pas vraiment rose… et loin de nos préoccupations habituelles de nord-américains bien-pensants. La Serbie, c’est loin, mais les aspirations de ces jeunes sont semblables à celles de tous les jeunes d’ici : grandir dans le respect, recevoir une éducation décente, bâtir une vie grâce à un emploi, se marier, avoir des enfants… Banal, oui… mais quand on naît Rom, il semble que ces simples désirs se transforment en bataille de tous les jours.
GRUBB est un cri du cœur, le même que celui qu’ont lancé les Noirs nord-américains dans les années 50. Il se traduit par ‘je suis un être humain et j’ai droit au respect’.
On nous raconte une histoire de ségrégation à l’échelle européenne d’abord, mais qui s’étend jusqu’à nos portes. Traitant un à la fois, et avec humour, des préjugés dont ils sont victimes, les jeunes de GRUBB déboulonnent tout le sérieux dont nos gouvernements se parent. Les extraits de déclarations haineuses faites par des grands de ce monde sont troublants, et on ne peut s’empêcher de penser que la Déclaration des Droits de l’Homme n’est qu’une vaste farce pour la majorité des habitants de notre planète, et souhaiter très fort, qu’enfin, un changement de mentalité s’amorce. Ils critiquent aussi leur culture, qui n’est pas parfaite et comporte des éléments qu’ils désirent voir évoluer, la perception de la femme en étant un exemple grandement souligné.
Mais, ils portent l’espoir, celui d’être entendu, vu et compris, celui d’être acceptés tels qu’ils sont, avec une culture et une langue qu’ils ont su préserver malgré des siècles de marginalisation. Ils nous démontrent qu’ils sont comme tous les jeunes, qu’ils aiment la musique hip-hop, la danse, s’amuser comme des fous, tomber en amour.
Dénonciateur mais plein d’aspirations, GRUBB est définitivement un spectacle à voir, une musique à entendre, un message à écouter.
Johanne Tanguay