Le mannequin,
Derrière une vitrine alléchante, les jeunes filles pouvaient admirer les mannequins.
Déjà, elles se voyaient vêtues se prenant pour mannequin.
Ce qui laissait les mannequins sans visage de marbre.
Tous, non sauf un, qui était fort différent.
C'était un mannequin fait de toutes pièces.
Il en avait marre de voir toutes ces jeunes demoiselles en uniformes.
La rue semblait toujours aussi sombre.
Qu'il fasse pluie ou soleil.
Il fallut trouver un échappatoire pour sortir de cette prison de verre.
Personne à qui se confier.
Moins encore à ces mannequins sans âme.
Sans parler de ces habilleuses sans cervelles.
Utilisant tous les moyens pour déplaire.
Rien à y faire.
Même en se laissant décomposer.
Ces dames le recomposaient.
Les jours se suivaient et se ressemblèrent.
Sans espoir de s'échapper.
Jusqu'au jour, où enfin.
On décidait de renouveler le magasin.
Tout fut jeté dans un conteneur.
Le mannequin crut que sa fin était arrivée.
Ce fut le cas pour tous les mannequins.
Quant à lui ?
Un fermier qui passait.
Vit ce drôle mannequin fait de toutes pièces.
L'emporta, le vêtu de ses vieux vêtements.
Le posât au milieu de ces champs.
Les jours, les mois, les saisons, les années passaient.
Qu'il vente qu'il pleut, qu'il fasse soleil.
Le mannequin s'y plaisait.
Car jamais il n'avait oublié qu'il était épouvantail.
3090 OVERIJSE, le dimanche 03 juillet 2011.
Thierry MAFFEI.