Pensez à une fusion entre Suicide/Talking Heads et l’italo-disco à la Moroder et vous aurez en votre possession quelques éléments pour aborder la musique de l’américain John Maus tout juste né en 1980. Chez ce dernier, il y a une volonté de faire danser tout en distillant quelques mélodies teintées d’une forte nostalgie. C’est flagrant sur le remuant et new wave « Quatum Leap ». Avec ce titre, le producteur se plaît à torturer ses synthétiseurs analogiques, offrant un solo joyeusement bordélique, tout en façonnant un refrain totalement aérien. Puis, il y a cette mélancolie poisseuse qui vous colle à la peau à l’écoute de ses mélodies douces-amères (« … And The Rain ») qui doivent quand même beaucoup au songwriting des années 60/80. Parfois le souffle des vieilles machines (« Keep Pushing On ») vient donner de la vie et gommer le côté trop parfait des productions numériques. Il y a également quelques petites pépites presque liturgiques (« The Crucifix », « We Can Breakthrough »), de belles lignes electro-funk gonflées à l’hélium (« Head For The Country ») ou des chansons martiales (« Matter Of Fact »). Il y a encore quelques années, un tel album aurait pu sortir chez Warp. Aujourd’hui, ça se passe sur un label indie-rock…
Laurent Gilot
John Maus, Believer