Si l'on considère l'histoire contemporaine de la musique populaire, trois événements y tiennent les premières places : l'arrivée à Greenwich Village, durant l'hiver 61, d'un jeune étudiant en rupture de ban qui décida d'être Bob Dylan ; trois jours de paix et de musique dans la bonne ville de Woodstock au printemps 1969 ; The Wall des Pink Floyd, un fulgurant concept multimédia né en 1979, en pleine période Thatcher et de contre-révolution conservatrice, réinvestissant toutes ces magies du rock'n roll qui se traduisent en trois mots : "No though control".
Or voici que Roger Waters, l'architecte de ce projet fou (disque, concert-opéra rock, film d'Alan Parker avec Bob Geldoff), était à Paris ce 1er juillet. Réactualisé par des images récentes (Afghanistan, Irak, Abou Graib et images des tortures récemment pratiquées par l'administration américaine), The Wall est toujours aussi saisissant : parce que sa morale est universelle.
"Fear builds the wall" : la peur fabrique le Mur.
Même sans la guitare de David Gilmour, The Wall est toujours The Wall. Méditation foudroyante et foudroyée de nos névroses sagement administrées, de nos résignations, mais aussi de cette révolte qui gronde, qui s'accumule et finit par emporter tous les murs. "Hey, teacher..."