[Critique Cinéma] Pater

Par Gicquel

En rédigeant ses dernières volontés, le président commet une faute. Je la crois intentionnelle. Ecrite dans le scénario ,pour raconter la petite histoire de France qui veut que nos gouvernants confondent Zadig et Voltaire, et jonglent maladroitement avec la syntaxe. Ce film hors norme n’est pas une charge contre la présidence actuelle, même si quelques références peuvent toujours ici et là être dénichées.

Le propos ,politique et cinématographique  d’Alan Cavalier et de Vincent Lindon (ils sont indissociables, et formidables) est beaucoup plus large, beaucoup plus percutant. D’une très grande habileté, il prend à témoin le spectateur sur les petitesses et grandeurs de ce monde, en lui racontant l’histoire de deux vieux amis qui s’amusent comme les enfants « à jouer à …. »

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L’un,  président ,confie à son vis-à-vis la charge de premier ministre, avec la lourde responsabilité de mettre en œuvre une politique salariale plus équitable. Ce projet est en quelque sorte le fil rouge de leurs rencontres plus ou moins  réelles, la fiction ayant toujours un œil sur les débats. Certaines scènes légères engagent des propos sérieux, d’autres rapportent des discussions de comptoir, où l’indignation le dispute à la révolte. Le coup de l’ascenseur raconté par Vincent Lindon est prodigieux. Le pouvoir est au cœur de «  Pater », dont la gente féminine est exclue. Le pouvoir est celui des hommes.

Je parlais de scénario, mais existe-t-il vraiment ? Des improvisations semblent glisser entre deux réflexions capitales, ce qui confèrent à l’ensemble, une bonhomie communicative, qui bien après la projection vous accompagne encore. En sortant , vous avez la pêche, et un sourire aussi généreux que persistant.

Une cuisine...électorale

Ce n’est pas là le moindre des paradoxes quand on sait que «  Pater » est une parodie politicarde qui en quelques mots et regards échangés dit plus que de grands discours. C’est la magie du cinéma  laisse entendre  Alain Cavalier «  Si c’est un film, c’est donc vrai » lui rétorque Vincent Lindon avec les accents convaincants d’un premier ministre. Pour occuper la fonction, le comédien émet alors quelques règles de conduite à tenir. A l’écouter, c’est simple comme bonjour. C’est du cinéma !