Le Prince intéressant.
Il y a deux semaines j'ai mis l'oreille sur Sign ☮ The Times en lisant quelque part que c'était un album qui en valait sérieusement l'écoute. (C'est vrai) Sans le savoir, peu de temps après Prince était de passage à Montréal pour deux spectacles en ouverture du Festival de Jazz, deux spectacles que l'on dit déjà fort mémorables.
J'avais aimé Prince avec une certaine distance plus jeune. U Got The Look (Sheena Esaton luuuuuuvely creature!), Kiss When Doves Cry et Purple Rain restant mes incontournables morceaux préférés mais sans accorder trop d'écoute au reste. Je constate aujourd'hui que j'ai énormément d'admiration et de respect pour le ti-cul de Minneapolis (fait-il 5 pieds?).
Le soleil me fait verser dans le soul. Il semble que soleil et Philadelphie aillent de pair selon mes tympans. Ce n'est pourtant pas un style qui m'intéresse. Mais voilà, comme j'ai beaucoup écouté l'album Young Americans de Bowie, Songs in the Key of Life de Stevie Wonder et Sign ☮ The Times de Prince récemment, je devine que ce que je viens d'affirmer est faux.
Je dois aimer le soul un tantinet.
Artiste hors norme souhaitant constamment redéfinir les balises de la musique traditionnelle, Eric Clapton dira de lui qu'il est devenu avec le temps l'un des plus grands guitaristes de la planète (Alain Brunet de la Presse disait sensiblement la même chose après l'avoir entendu deux fois au Festival de Jazz) et Miles Davis dira aussi de Prince qu'il est le nouveau Duke Ellington.
Il a d'ailleurs créé un univers musical totalement original en contrôlant des groupes « satellites » pour lesquels il produit, compose, écrit, et arrange intégralement les albums: The Time, Vanity 6, Sheila E, The Family, Madhouse, Jill Jones, ou Carmen Electra entrent dans cette catégorie. Il a aussi créé sa propre maison de production Paisley Park qui lui assure une autonomie complète. Paisely Park est son terrain de jeu alors qu'il y confectionne ses vêtements, tricote sa musique, répète ses numéros dans un mini-stade gros comme un aréna, y fait de la révision et du montage vidéo (et assurément audio). Cet univers exclusif permet à Prince de livrer ses prestations « clef en main », sur tous les stades de la production.
Jamie Starr, The Kid, Joey Coco, Alexander Nevermind, Christopher Tracy, Paisley Park, Tora Tora, Azifwekare, le symbole O(+> (le "love" symbol) de 1993 à 2000 que les journalistes rebaptiseront TAFKAP pour The Artist Formerly Known As Prince, Gemini et Camille sont parmi les pseudonymes les plus souvent utilisés.
Révolutionnaire non seulement de la musique mais aussi réinventeur de ses moyens de diffusions et de son accessibilité il fait une large utilisation de l'internet, de catalogues de commandes par téléphone et ouvre même ses propres magasins de distribution à partir de 1993.
D'une façon incontestable tout au long de sa carrière, Prince a profondément modifié les rapports entre artistes et maisons de disques, créant un nombre important de précédents notamment dans le domaine de l'auto-production et de la distribution directe du musicien vers les consommateurs de musique.
Un artiste qui change les choses. Comment ne pas admirer?
Voilà un Prince qui m'intéresse.
Pas l'autre, Mr Middleton.