Non ceci n'aura rien à voir avec le clône de Wayne Gretzky de passage sur nos sols mais aura plutôt rapport avec Prince Rogers Nelson dit Prince (pree-neuceu).
Le Prince intéressant.
Il y a deux semaines j'ai mis l'oreille sur Sign ☮ The Times en lisant quelque part que c'était un album qui en valait sérieusement l'écoute. (C'est vrai) Sans le savoir, peu de temps après Prince était de passage à Montréal pour deux spectacles en ouverture du Festival de Jazz, deux spectacles que l'on dit déjà fort mémorables.
J'avais aimé Prince avec une certaine distance plus jeune. U Got The Look (Sheena Esaton luuuuuuvely creature!), Kiss When Doves Cry et Purple Rain restant mes incontournables morceaux préférés mais sans accorder trop d'écoute au reste. Je constate aujourd'hui que j'ai énormément d'admiration et de respect pour le ti-cul de Minneapolis (fait-il 5 pieds?).
Le soleil me fait verser dans le soul. Il semble que soleil et Philadelphie aillent de pair selon mes tympans. Ce n'est pourtant pas un style qui m'intéresse. Mais voilà, comme j'ai beaucoup écouté l'album Young Americans de Bowie, Songs in the Key of Life de Stevie Wonder et Sign ☮ The Times de Prince récemment, je devine que ce que je viens d'affirmer est faux.
Je dois aimer le soul un tantinet.
Prince a monté ses premiers groupes alors qu'il n'avait que 15 ans. En jouant de la guitare sur certains morceaux commerciaux pour la radio, un ingénieur de studio, impréssionné par son talent lui offre, au lieu de le payer, des heures gratuites de studio. Prince sautera tant sur l'ocassion qu'il en profitera pour appprendre à jouer de plus de 20 instruments. Son père qui était un brillant musicien de jazz lui a certes refilé une partie de son talent. Seul en studio, il enregistre tant qu'en 1990, il affirme avoir en réserve plus d'un millier de chansons soit une soixantaine d'albums si on calcule 15 chansons par album.
Il réussit un tour de force dès le départ de sa carrière en se négociant un contrôle total sur son art, sur la création, le mode d'enregistrement, la production et le mix final de son produit. Très souvent, surtout au début. il joue de tous les instruments, les commençant au piano, enregistrant les autres un à un, soustrayant ou rajoutant les sons souhaités au fur et à mesure et terminant généralement par la voix.
Artiste hors norme souhaitant constamment redéfinir les balises de la musique traditionnelle, Eric Clapton dira de lui qu'il est devenu avec le temps l'un des plus grands guitaristes de la planète (Alain Brunet de la Presse disait sensiblement la même chose après l'avoir entendu deux fois au Festival de Jazz) et Miles Davis dira aussi de Prince qu'il est le nouveau Duke Ellington.
Prince est une telle machine de production, il se place tant au-dessus de la mêlée, qu'il a pu faire un Gainsbourg de lui-même et écrire un paquet de chansons pour d'autres artistes qui sont bien souvent devenus des hits. Sinead O'Connor, Sheena Easton, Chaka Khan, Martika (deux fois), The Bangles, Kenny Rogers, Lenny Kravitz & Madonna, Céline Dion, Joe Cocker, Maceo Parker, Stevie Nicks, Patti Labelle, Sheila E., Cindy Lauper, Stevie Wonder, George Clinton et Phil Collins lui a très certainement subtilisé des arrangements pour un gros hit ainsi que la batterie de Prince insérée vers 2:40 dans un duo avec Philip Bailey. En plus d'en inspirer plein d'autres.
Il a d'ailleurs créé un univers musical totalement original en contrôlant des groupes « satellites » pour lesquels il produit, compose, écrit, et arrange intégralement les albums: The Time, Vanity 6, Sheila E, The Family, Madhouse, Jill Jones, ou Carmen Electra entrent dans cette catégorie. Il a aussi créé sa propre maison de production Paisley Park qui lui assure une autonomie complète. Paisely Park est son terrain de jeu alors qu'il y confectionne ses vêtements, tricote sa musique, répète ses numéros dans un mini-stade gros comme un aréna, y fait de la révision et du montage vidéo (et assurément audio). Cet univers exclusif permet à Prince de livrer ses prestations « clef en main », sur tous les stades de la production.
Prince, tout comme un autre androide que j'aime beaucoup, aura des tonnes de pseudonymes.
Jamie Starr, The Kid, Joey Coco, Alexander Nevermind, Christopher Tracy, Paisley Park, Tora Tora, Azifwekare, le symbole O(+> (le "love" symbol) de 1993 à 2000 que les journalistes rebaptiseront TAFKAP pour The Artist Formerly Known As Prince, Gemini et Camille sont parmi les pseudonymes les plus souvent utilisés.
Révolutionnaire non seulement de la musique mais aussi réinventeur de ses moyens de diffusions et de son accessibilité il fait une large utilisation de l'internet, de catalogues de commandes par téléphone et ouvre même ses propres magasins de distribution à partir de 1993.
En 2004, Prince fait son fouille-merde en distribuant son CD Musicology à l'entrée de ses concerts. À côté des ventes en magasin, plus de 400 000 exemplaires seront ainsi écoulés ce qui obligera les organismes américains à revoir leur méthode de calcul des ventes de disques. En effet, le CD est bien vendu puisque son prix est inclus dans le prix du billet de concert.
D'une façon incontestable tout au long de sa carrière, Prince a profondément modifié les rapports entre artistes et maisons de disques, créant un nombre important de précédents notamment dans le domaine de l'auto-production et de la distribution directe du musicien vers les consommateurs de musique.
Un artiste qui change les choses. Comment ne pas admirer?
Il a aussi touché au cinéma signant pratiquement toutes les facettes de la production (en plus de jouer) dans Purple Rain (1984-oscar de la meilleure musique de film), Under the Cherry Moon (1986-débuts au grand écran de Kristin Scott-Thomas), Sign ☮ The Times (1987-concert filmé), et écrit des chansons pour les films Batman et Happy Feet.
Voilà un Prince qui m'intéresse.
Pas l'autre, Mr Middleton.