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[France - Ecologie politique] Pourquoi je choisis Eva Joly. (Alain Lipietz)

Publié le 02 juillet 2011 par Yes

Pourquoi je choisis Eva Joly.

C’est pour moi un vote réfléchi : je vote pour Eva Joly comme candidate d’Europe-Ecologie Les Verts pour la présidentielle de 2012.

Je ne considère pas que le choix de Nicolas Hulot serait une catastrophe. Il a le verbe clair, c’est un excellent pédagogue. Il a choisi la voie la plus large pour s’exprimer (TF1), avec les compromis que cela implique. Il m’avait discrètement soutenu quand j’étais tête de liste en Ile de France pour les européennes de 2004, en participant à un colloque organisé par les Verts, et Natalie Gandais, alors en charge de ces « 3 heures de l’écologie », avait alors obtenu qu’il préfaçât les actes de ce colloque. Il a trop tardivement rallié le combat anti-nucléaire, mais il n’est pas le seul parmi les écologistes (y compris scientifiques) à avoir trop longtemps priorisé les risques de l’effet de serre sur les risques nucléaires (comme Stéphane Lhomme a fait l’erreur inverse, et Kokopelli a fait l’erreur de ne se préoccuper que des nécro-carburants).

Mon vote pour Eva n’est donc ni un vote par défaut, ni un vote affectif. C’est un vote fondé sur la raison politique, une préférence sur le type de candidat dont nous avons besoin en 2012. Pas un pédagogue mais une décideuse, pas une image centrée sur l’environnement, mais sur le combat de la justice environnementale contre la finance.

L’affectif a aussi un rôle. Eva nous a soutenu dès le début de la grande aventure d’Europe Ecologie. Elle était sur toutes nos affiches des campagnes européennes, législatives partielles, régionales, cantonales. Elle est venue à l’heure où ça n’avait rien d’évident, et nous lui devons beaucoup de nos élus d’aujourd’hui.

Cet engagement précoce, au moment où il lui a paru qu’il fallait enfin passer de l’engagement individuel professionnel au Politique, a un sens précis. Elle s’est engagée quand la crise financière dites des « subprimes » a éclaté. Elle en savait assez des dessous des affaires du monde, pour savoir que, derrière la crise financière, il y avait la crise sociale et écologique, mais que la crise sociale et écologique avait été accélérée par la domination et les trucages de la finance. Elle s’est engagée en politique quand ce fut l’heure, et pour que son engagement ait un effet politique. Elle alla donc d’abord trouver celui qui présentait alors le plus de chances face au sarkozysme triomphant, Bayrou. Mais lui n’a pu accepter la radicalité de son discours contre le capitalisme financier, bras du libéral-productivisme, et elle s’est logiquement tournée vers nous.

C’est ce combat , ce profil, dont nous avons besoin. Non plus seulement « expliquer » (il faudra toujours et toujours expliquer), mais déjà avoir l’expérience de l’action, du combat pour le pouvoir d’interdire et de décider, avec sa dureté, la violence de l’adversaire, de ses calomnies.

Cette expérience, Eva l’a déjà, et depuis longtemps, depuis l’affaire Elf, depuis son rôle dans l’animation du réseau mondial des magistrats anti-corruption, depuis les referendums islandais (où, je peux en témoigner, son action fut décisive). Cette expérience, elle l’a portée avec nous sur le terrain politique, jusque dans les institutions.

Aujourd’hui, Eva , dans les institutions, est la plus gradée des verts européens, celle qui a la plus haute expérience de femme d’État, des affaires internationales : présidente de la commission du développement au Parlement européen. Elle y mène la bataille, du Moyen-Orient au Zambèze, contre tous les aspects de la domination du modèle prédateur occidental sur la planète.

Avec Nicolas, la campagne de EELV sera utile et honorable, comme le fut celle de René Dumont ou de Noël Mamère. Avec Eva, elle sera nécessaire, décisive.

Électoralement, nos principaux candidats sont dans les sondages au coude à coude autour de 10 %, avec un avantage pour Nicolas. Mais au moment du vote, ce sera l’image qui comptera, l’adéquation entre une personne et la volonté des électeurs qui ne se tromperont pas sur « le vote utile ». Eva garde un terrible accent ? Les classes populaires ne comprennent pas tout ce qu’elle dit ? Elles ne comprenaient pas, n’entendaient tout simplement pas, tout ce que disait Jaurès sur les tribunes sans micro. Phénomène que nos amis politologues résument d’une formule : « Ce que tu es parle si fort qu’on n’entend pas ce que tu dis ».

Celles et ceux qui, le printemps prochain, auront le courage, malgré le chantage du PS, de voter pour la transformation écologiste, voteront pour une image, une musique, pas pour des paroles qu’ils connaissent déjà ou ne comprendront pas intégralement. Une image de force et de rigueur dans le combat sans merci entre la finance et la justice environnementale. L’image et la musique d’une femme dont l’apparente fragilité physique, comme celle de Marina Silva, ne fait que mieux ressortir la force intérieure : la figure d’Eva Joly.

Le site d’Eva : http://evajoly.fr/

Pourquoi je choisis Eva Joly.- Alain Lipietz.


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