The Wrestler – DVD

Publié le 02 juillet 2011 par Acdehaenne

A la fin des années 80, Randy Robinson, dit The Ram ("Le Bélier"), était une star du catch. Vingt ans plus tard, il ne se produit plus que dans des salles de gym de lycées ou des maisons de quartier... Brouillé avec sa fille, il est incapable d'entretenir une relation durable avec quiconque : il ne vit que pour le plaisir du spectacle et l'adoration de ses fans. Mais lorsqu'il est foudroyé par une crise cardiaque au beau milieu d'un match, son médecin lui ordonne d'abandonner le catch : un autre combat pourrait lui être fatal. Contraint de se ranger, il tente de renouer avec sa fille et, dans le même temps, entame une liaison avec une strip-teaseuse vieillissante.

Réaliser un drame qui prend pour univers le monde du catch professionnel, il fallait réussir à le faire. Et il faut dire que Darren Aronofsky relève le défi d’une bien belle manière. Après le très dur Requiem for a dream et The Fountain, et avant le récent Black Swan, il montre encore avec The Wrestler qu’il est un réalisateur talentueux qui n’a pas peur de se salir les caméras.

Shooté aux amphets, et probablement à autre chose aussi, sans compter les litres de bière qu’il ingurgite, The Ram n’a plus le lustre d’antan qu’il se plait à raviver à qui veut l’entendre. Surtout quand cette personne est payée pour exécuter son show en privé. Irrémédiablement instable dans les relations humaines qu’il amorce, il semble que cette strip-teaseuse est à part. Malgré qu’il soit un client, elle semble touchée par son histoire tant et si bien qu’elle arrive un temps à lui redonner le sourire.

Une fois foudroyé par une crise cardiaque, il en a bien besoin. Surtout que le lien à peine renoué avec sa fille qu’il a abandonnée toute jeune se délite déjà. Et pourtant, sa vie ne va que dans un sens : l’exhibition de ce qui lui reste de notoriété. Davantage que la recherche d’une gloire perdue depuis un moment, le ring est le dernier endroit où Randy a l’impression de maitriser quelque chose, où il peut se croire puissant, et où surtout il peut se faire reconnaître, par son engagement, en tant qu’homme. Or, à quelques scènes du dénouement, on se souvient du nom du réalisateur…

A mes yeux, The wrestler a un goût particulier. Petiot, j’étais assez fan des émissions de catchs diffusées à la TV. Ça m’arrive encore de me remémorer ce temps devant une des nombreuses chaines qui en proposent aujourd'hui. Depuis quelques années maintenant, on apprend régulièrement la mort par arrêt cardiaque de tel ou tel catcheur. Et on réalise un peu plus sûrement la condition humaine de ces athlètes (parce que oui, quand même, on finit par ne plus croire à la spontanéité de la chose, comme le film le met très bien en scène d’ailleurs). Pour tenir le rythme, sculpter ces corps parfois vieillissant, la prise de cachets est courante. Or, leurs impacts sur le cœur et le corps en général sur le long terme sont certains. Darren Aronofsky s’attarde sur ces douleurs physiques qui pourrissent le quotidien de ces catcheurs sur le déclin alors que ceux-ci continuent d’éprouver le besoin viscéral de poursuivre leur carrière même devant des gradins parsemés.

The wrestler réussit le tour de force de mettre en scène la dimension pathétique des choix relationnels et professionnels de Randy sans verser nécessairement dans le pathos. Le cadre n’est pas commun, et n’est pas qu’un prétexte. Il participe réellement à cette intrigue, certes simple, mais tellement humaine.

Note :

 Les Murmures.