Le nudge pour concilier un paradoxe : l’innovation durable.

Publié le 02 juillet 2011 par Corinne Dangas

Les enjeux sociétaux actuels sont paradoxaux, contraints par un double cadre :

  1. Une innovation continue, à un rythme toujours plus soutenu, dans un environnement mondialisé, hyper-compétitif, en mutation accélérée.
  2. Et l’intégration toujours plus forte aux enjeux d’une gestion « pérennisante » des ressources : environnementales et sociales (humaines).

Ces cadres sont globalisés : comment changer de paradigme ? Les réalités sont aujourd’hui pluridisciplinaires, multidimensionnelles, planétaires. Nos systèmes d’organisation et de savoirs sont disjoints, compartimentés : ils masquent le référentiel, la complexité, le global. (Dans toute organisation, le pire sabotage que vous puissiez imaginer est juste… d’appliquer toutes les directives que vous avez pu recevoir !)

Toutes les réponses, aujourd’hui, semblent s’en éloigner, s’être défaites de l’espoir de rebondir sur eux : elles vont dans le sens d’une globalisation des consciences, d’une connexion de la responsabilité portée par l’ensemble des individus. Penser global.

Comment, par exemple, imaginer transformer nos systèmes éducatifs ? Face à l’enjeu de ruptures dont jamais même le centième ne pourra être réalistement mené, il est moins question de parti politique au pouvoir, que de bon sens. Nos systèmes actuels ont atteint un niveau de complexité tel qu’ils ne changeront désormais que dans la douleur. Et plus le temps passe, pire elle sera. Les modèles que nous ne savons plus changer, iront inéluctablement vers la rupture. La moins mauvaise des solutions est sans doute de ne pas attendre pour y construire des substituts.

Le nudge : un design du choix

Je suis partisane des réponses de type nudge. Car plus qu’un système de gouvernance ou de régulation, le nudge relève de l’architecture et du design du choix.

Un nudge est une incitation comportementale douce, qui guide m/p-aternellement les choix individuels dans le sens de l’intérêt général, sans attenter au libre arbitre, sans contrainte, moralisation, prescription ou privation excessive : en donnant envie de ce qui le mérite. (mettre les fruits et les laitages sur l’étagère à hauteur d’enfant, plutôt que lui exposer une malle au trésor débordant de bonbons, de sodas et de gâteaux, est encore le meilleur moyen – et le moins hypocrite – de ne pas avoir ensuite à lui reprocher de mal s’alimenter.)

Penser global : décloisonner, connecter

En matière d’innovation et de durabilité, notre société recèle des viviers exemplaires, des talents,  porteurs de créativité et de conscience sociale, donc de valeur : gisements sous-exploités car excessivement cloisonnés. L’enjeu aujourd’hui me paraît de connecter : les connecter entre eux, aux entreprises, à la société elle-même, revient à élaborer des nudges, designer des choix pour la société de demain.

Je travaille sur un projet que j’aimerais lancer, dont l’idée est là aussi de promouvoir de façon conviviale et attractive les idées, savoir-faire et principes de fabrication et transformation, contribuer à ceux innovants, liés au numérique, et connecter les communautés et initiatives inventives.

L’enjeu est double : celui de court terme, par l’apport de réponses de rupture à ce paradoxe « innover durable », et celui de long terme de revalorisation éducative du « faire » et de l’esprit du compagnonnage, qui génèrent des comportements propices à l’innovation.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Et au fond, il suffit sans doute de « prendre le pouvoir ». Non par un renversement, mais par une révolution de fond : celle qu’autorise le numérique, le monde intégralement connecté.


Wooden sphere Palais de l’Equilibre of the 2002 Swiss national exhibition, now called Globe of Science and Innovation and installed at CERN, Switzerland.
By Karoly Lorentey from Budapest, Hungary (Flickr) [CC-BY-2.0 (www.creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons