DSK, le mistigri

Publié le 02 juillet 2011 par Jlhuss

Le décalage horaire oblige, c’est souvent au bol de café que les surprises en provenance de New York tombent, sauf pour les couches très tard. Comme lors de l’arrestation, c’est à cette heure matinale que la plupart des Français ont donc appris que le procureur Vance mettait de l’eau dans son vin au sujet de DSK.
Il n’abandonne pas les poursuites dans un premier temps, mais la caution est remboursée, la liberté de mouvement retrouvée aux États-Unis, le bracelet électronique à la poubelle et l’énorme garde du corps imposé au chômage.
Il n’y aura pas besoin, sur ce blog, contrairement à celui de Bernard Debré, d’effacer les notes écrites à l’époque (cf plus bas) ; elles étaient modérées et se tournaient essentiellement sur les différences, souvent incompréhensibles pour nous, entre l’exercice judiciaire américain et le nôtre. Elles s’interrogeaient aussi sur les implications au sein du PS. En dépit de ce nouveau coup de tonnerre, ces interrogations persistent, pour ainsi dire intactes.
Sur la justice américaine. Elle demeure toujours autant surprenante avec ses forces et ses faiblesses. La faiblesse d’une médiatisation outrancière qui donne aux avocats la possibilité de venir plaider sur un trottoir, à un procureur ou à son représentant le loisir d’étaler publiquement des preuves ou des pièces du dossier. Une faiblesse qui pourra pour certains apparaître au contraire comme un exercice de clarté.
Une force, celle de pouvoir, après des formes jugées excessives, reconnaître rapidement l’erreur, apporter à la défense des éléments permettant de mettre en doute la parfaite honnêteté de la présumée victime. Il est important en effet de savoir que ce ne sont pas les avocats de DSK qui ont « terni » le témoignage de la présumée victime, mais l’accusation elle-même. C’est aussi donner plus de forces aux réserves émises.
Certains pourront objecter, à juste titre, qu’il aura fallu plusieurs semaines pour que l’on tienne enfin compte des mensonges énoncés devant la chambre d’accusation et surtout pour faire état de ce fameux coup de téléphone enregistré entre la victime présumée et un détenu dans lequel elle l’interroge, en « peul », sur les bénéfices qu’elle pourrait escompter d’une telle affaire. Ne soyons pas oublieux de nos propres faiblesses judiciaires et rappelons-nous le temps écoulé pour que la vérité éclate à Outreau, après un suicide en prison et le reste ! Cinq semaines, c’est certes très long pour l’innocent présumé, mais peu de chose par rapport aux longueurs coutumières chez nous.
Tout en détestant cette forme de justice spectacle à laquelle nous assistons à New York, soyons également honnêtes en discernant son efficacité.
Pour ce qui concerne les implications politiques, à la fois internationales et Nationales. Il est évident que le préjudice pour DSK de sa démission forcée du FMI ne pourra être corrigé. Madame Lagarde est nommée, la Grèce devra bien se tenir, et il y aura peut-être un temps ou des questions pourront se poser à ce niveau, si des théories compliquées retrouvent un droit d’expression. Certains propos très « couverts » d’amis de DSK laissent entrevoir un possible déballage sur ces questions hautement « stratégiques »
Mais chez nous, en France, au sein du PS, il est à parier que cet épisode supplémentaire du feuilleton new-yorkais ne devrait pas sensiblement modifier la donne. François Hollande, habilement, est le seul à déclarer « qu’après tout retarder la clôture des candidatures à la primaire ne pose pas de problèmes à partir du moment où le vote est toujours maintenu en octobre » On le sait, pour lui rien de changer puisqu’il était candidat avant l’arrestation et a toujours déclaré qu’il le serait quoiqu’il arrive. Il peut ainsi se payer le luxe d’une très grande largeur de vue et d’une hauteur par rapport à des débats de « boutiques ». Honnêtement on voit assez mal comment DSK pourrait effectivement revenir directement dans la course à l’investiture. Serait-ce d’ailleurs un bonus pour le PS ? Rien n’est moins sûr. Les propos de ses amis le laissent implicitement comprendre, même s’ils souhaitent qu’il puisse participer par sa présence physique et sa participation active à la campagne pour les prochaines présidentielles. Une question demeure, Martine Aubry candidate potentiellement apte à recevoir le soutien d’un DSK acquitté aux États-Unis en tirerait-elle un quelconque bénéfice ? Là encore, rien n’est moins sûr.

Liste des notes publiées sur le blog autour de cette "affaire" :

Mot d’ordre : « présomption d’innocence »

Vérité brutale

Ils disent que c’est « violent »

Incompréhension totale

DSK : les enfants pleurent le jouet brisé

L’ADN et la petite fleur

Les vertus des clubs échangistes

Résurrection !