De Montréal, Québec
Je disais que c’est en partie notre faute. La culture du « acheter aujourd’hui, payez plus tard » fait en sorte que plusieurs d’entre nous défoncent leur budget constamment, et vivent au-dessus de leurs moyens. Comparés à nos parents, nous sommes compulsifs. On se garoche sur le dernier iPad à 600 $… afin de pouvoir vérifier nos courriels sur le sofa.
Aussi, l’inflation nous bouffe tout cru. Et les salaires peinent à suivre.
Certains lecteurs m’ont aussi fait remarquer que les « biens durables » ne sont plus ce qu’ils étaient. Les matériaux comme le bardeau de toiture, ou le bois, durent moins longtemps. Même chose pour les électroménagers comme les réfrigérateurs ou les laveuses. La plupart de ces appareils sont plus performants que leurs ancêtres, mais semblent aussi plus fragiles. Il faut les remplacer plus souvent.
Les taxes
Nous payons aussi pour les excès de nos gouvernements. Selon l’Institut Fraser — organisme qui penche à droite —, une famille canadienne dépense plus chaque année en taxes et impôts (41 % du revenu annuel) que pour s’habiller, se vêtir et se nourrir!
L’étude est à prendre avec des pincettes, car elle ne tient pas compte des transferts que l’État donne en retour. Mais elle démontre une tendance bien réelle. Le magazine Forbes, en utilisant les données de l’OCDE, arrive à une conclusion semblable : le fardeau fiscal au Canada aurait augmenté de près d’un tiers depuis 1965.
On le voit au Québec, avec les récentes hausses de TVQ, de taxe sur l’essence, et les hausses de cotisations de toute sorte, qui viennent gruger les maigres augmentations de salaire qu’on réussit parfois à obtenir.
La mondialisation
En Californie, on doit refaire un pont qui relie San Francisco à Oakland. Qui va le construire? Pas des travailleurs de la construction syndiqués de Californie. Des Chinois! Selon le New York Times, deux douzaines de modules d’acier géants sont fabriquées à Shanghai, pour ensuite voyager 10 000 km par bateau jusqu’à Oakland. Les travailleurs américains se contentent d’assembler les morceaux, et appliquer les couches d’asphalte sur le pont.
Faudra s’habituer. La part des exportations mondiales des pays émergents est passée de 20 % à 43 % de 1970 à 2008, selon The Economist. Cette croissance profite aussi à nous, pays riches. Mais les travailleurs des pays comme le Brésil ou le Mexique augmentent le bassin de main-d’œuvre, et cela met une pression à la baisse sur les salaires d’ici… Alors même que les profits des multinationales battent des records.
Dans les pays développés, la mondialisation enrichit tout le monde, mais surtout les plus riches, semble-t-il. Une étude controversée de Statistique Canada en 2006 affirmait que depuis 1980, le salaire réel d’un Canadien moyen avait augmenté de… 53 $. Est-ce réellement le cas? Et est-ce en partie la faute à la mondialisation? Difficile à dire.
On assiste au retour du balancier. Des pays qui végètent depuis toujours dans la pauvreté obtiennent enfin leur place au soleil. De notre côté, après des décennies de richesse et de « bonnes jobs » permanentes avec pension à vie, il faut se rouler les manches.
Bref, nous vivons à une époque incroyable comparée à celle de nos parents. On communique à l’autre bout du monde, en vidéo, sur un bidule qui tient dans notre main. Notre voiture nous parle, et on fait le tour de la terre en quelques clics de souris.
On ne sait juste pas comment on va payer nos factures. Ni si on va toujours avoir un emploi demain…
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