C’était hier le fameux « pot de départ » de fin d’année. Deux collègues partent en retraite et je mute au lycée. Grand moment d’émotion et d’amitié pour tourner la page... Cadeaux, confidences, bilans et puis échange de discours. J’avais préparé un petit mot, le voici...
Mon vieux fonds de lecteur de Racine ou peut-être un soupçon de complexe vaguement oedipien (je lorgne de côté de mes collègues de lettres classiques) est sans doute à la base du sentiment de trahison qui m’accompagne en ce moment... Oui, c’est comme si, au bout de quatre ans de campagne, de siège instable, je désertais enfin la place (et là je lorgne de côté de mes collègues d’histoire)
Néanmoins (là, c’est l’incorrigible lecteur de Hugo qui parle), j’ai la certitude d’avoir vécu entre ces murs des expériences fortes, des expériences rudes, des expériences de glorieuse ténèbres (le mot hugolien est lâché) qui m’ont enrichi. D’avoir également côtoyé un cercle d’initiés au muscle ferme, au regard lucide et visionnaire.
Là où je vais, rappelons-le, c’est à deux pas, je ne pourrai continuer le travail des consciences de nos « chères têtes blondes » un peu moins écervelées sans voir passer sur le front inquiet des ex-troisièmes de Beauregard un peu de cette « pâte éclairée », de cette matière brute que vous avez tâché de travailler, de découvrir ou d’inventer, cher collègue chercheur d’or sans jamais renoncer, parfois dans la poussière et parfois dans la boue, les pieds dans le ruisseau et la tête dans les étoiles