Max | Homme nouveau

Publié le 02 juillet 2011 par Aragon

Passer par tous les déserts de la Terre et du ciel, passer par tous les broyeurs, les concasseurs, comme canne à sucre, comme grain qu'on moud, comme rocher qu'on transforme en gravier, passer par tous les abîmes, passer par tous les déserts  moraux, diaboliquement affectifs,  délicieusement vibrants, par toutes les plus hautes et les plus basses solitudes.

Accepte enfin que l'autre vive libre. Vas-tu te décider ! Le nouveau est à ce prix. Broie, broie, broie, broie, tes mauvais sentiments. Transformation, maturation, distillation lente. Accepte tout, accepte la vie, accepte les autres, accepte l'autre. Plus de jugement, plus d'auto mutilation de corps, de coeur, plus d'enfermement dans une maudite cogitation noire qui fait que ton cerveau produit bruit, regard,  force et souffle de mille TGV furieux.  Mille ouragans déchaînés. Mille éclats de vitre mutilants.

Plus rien de tout ça. Plus rien que calme, vie.  Regard enfin emplumé, rémiges fines, délicieuses rémiges fixées dans l'oeil pour d'obligatoires et salvateurs envols. Plus rien que ta propre vie, ton propre désir, ton propre souffle. Tes propres pas que tu mènes - enfin - apaisés. Voyage dans la dépossession de l'autre, dans sa décolonisation. Le rendre libre. Le rendre étranger pour mieux le retrouver un jour.

Tes dix doigts chalumeaux doivent obligatoirement brûler, cramer, incinérer, carboniser à grand cris à tout prix, les chaînes d'or et d'argent envoyées pourtant par eux, en lasso, autour de son cou. On croit aimer. Jusqu'à lors tu aimes un sentiment, une idée. Tu  t'aimes et tu te peins en rouge sang.  Tu te décores de peintures de guerre.  Avant est le temps des tambours de guerre. Celle que tu voulais posséder va  pourtant te rendre libre et fort. Comprend ! Elle ne sait rien de ce qui se passe. Voyage silencieux, extrêmement soyeux, passager de la barque d'eau calme. Apaisé, enfin apaisé.

L'autre n'est pas un annulaire,  n'est même plus un corps, l'autre est inconnu. L'autre est un autre, accepte-le. Entrer dans toutes les plus hautes dépossessions. Être libre, rendre libre, par tous les moyens, toutes les forces. Retrouver une bonne, saine, vigoureuse solitude. Homme nouveau. Fais que cette solitude vraie t'engrosse, te rende fertile, te rende homme parturient. La graine germe enfin dans les entrailles même du rocher. Accoucher de soi pour retrouver véritablement l'autre. Impossible avant.