Magazine Cuisine

Grappillages 2011 (12)

Par Mauss

La semaine fut chargée. Certes, moins que celle de DSK qui passe du statut de méchant violeur potentiel à celui, possible et à certifier, de l'homme faible qui s'est fait piéger par une soubrette soucieuse d'arrondir ses fins de mois. Là encore, et plus que jamais, attendons les prochaines annonces de la justice américaine.

Mais revenons sagement au monde du vin.

Bordeaux, encore et toujours

Sagement : c'est vite dit quand on voit le prix de sortie d'un Latour et ces annonces que ce qui sera mis sur le marché reste un petit pourcentage de ce qui a été produit, histoire de stresser un peu plus des amateurs hésitant à payer le prix d'une Bugatti pour rouler en 404. Bon, j'exagère, Latour est sans doute plus proche d'une belle berline allemande. Toujours mes jugements hâtifs et excessifs ! On ne se corrige jamais assez. :-)

Mais j'ai trouvé un nouveau sigle pour ces vins : SSS : Social Status Symbol. En d'autres termes, la quasi totalité du prix est payée non pas pour la valeur (réelle mais relative) du contenu mais pour le contenant qui peut éventuellement vous assurer, si vous mettez ce flacon sur une table, quelques sentiments de jalousie, de respect furtif, de moquerie discrète face à une telle vanité, tant il est vrai que bien d'autres vins sont parfaitement capables, à un prix bien inférieur, de vous procurer - je parle encore du contenu - des joies saines, de qualité, sans oublier une dimension culturelle et historique, nécessaires à l'élégance des discussions des fameux "dîners en ville".

Bon : attendons le moment inévitable où certains diront avec gourmandise : "je vous l'avais dit".

ColleMassari et Grattamacco

Belle présentation au Laurent des crus, blancs et rouges, sans oublier les huiles d'olive, des vins toscans de Claudio Tipa. Le gratin de la presse "vins" parisien était là avec quelques restauratrices plus que charmantes et surtout passionnées par le monde du vin, et tenant des maisons dont on parle comme "La Famiglia" et "La Bocca della Verita".

On se répète, mais comme c'était le premier jour de la nouvelle carte du Laurent, on ne peut, encore et encore, que féliciter le chef Pégouret d'avoir concocté une nouvelle carte assez magique, particulièrement avec une présentation de tomates dont la très courte cuisson au four leur donne un fondu extatique. Monsieur Ribaut du Monde a apprécié.

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Notre tablée, à la terrasse du premier étage

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Quand je vous dis que j'aime le vitello tonnato du chef Pégouret !

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Maarten Leereveld, Claudio Tipa, René Millet et Bernard Burtschy

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Sarraute, Bidalon, Benharos et Durand : des pointures de la critique parisienne

Le Club "Bristol Grands Crus"

Avec LPV, on lance un nouveau Club à Paris qui réunira à terme un maximum de 50 Membres. Clairement destiné à la présentation de grands crus bourguignons sur des thèmes  spécifiques, style "horizontale de chambertin", "verticale de musigny", style d'un domaine, la première soirée (19 convives) fut consacré en blanc à Sainte-Hune (2000 et 1976), en rouge à quelques crus de Frédéric Mugnier et sur le roquefort, Yquem 1988.

Le Franzele a présenté l'historique de ce riesling de référence qui s'accordait à la perfection au menu d'Eric Fréchon tandis que Michel Bettane nous a appris en moins de dix minutes, des choses essentielles sur Mugnier et sur le Musigny. Dieu sait que je connais Michel Bettane depuis plus de 30 ans, mais l'entendre parler de la Bourgogne reste un moment unique, tant il sait faire partager ses connaissances sans aucube pédanterie, avec toujours cette pointe d'humour qui allège tant les choses. L'audience était non seulement toute ouïe, mais impressionnée par ses mots dits avec tant d'affection.

Pour une des prochaines réunions, Eric Rousseau sera là, et je ne désespère pas de faire venir chaque fois un producteur pour nous raconter son histoire, le style de ce qu'il rêve de faire, ses vins, ses réussites, ses terroirs.

Oui, oui, on saura sortir de la Bourgogne… du style dire bonjour au Monfortino ou à Vega Sicilia.

Ce fut une très belle soirée, avec des amitiés confirmées et d'autres naissantes et prometteuses.

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Les vins de la soirée, avec les Sainte-Hune 76 bien au frais

Le Festival du Clos de Vougeot

Quand j'ai présenté David Chan (premier violoniste du Met à NYC) à Bernard Hervet (Faiveley), je ne pensais pas que cela déboucherait aussi vite sur un Festival qui a pris une réelle ampleur, particulièrement avec le support total de la DRC et de Faiveley. On ne dira jamais assez à quel point le vin peut rassembler des hommes venant d'horizons si différents, et pour le meilleur !

Le programme de cette année était rare, en ce sens qu'il est toujours difficile d'adapter les choix préférentiels des musiciens aux connaissances et goûts du public. Le "Kol Nidrei" de Bruch ouvrait avec une forte émotion le dernier concert de cette année et Gary Hoffman, malgré un léger refroidissement, nous a enthousiasmé par sa voix de Ténor, très à l'aise dans le Verdi de "La donna è mobile".

Je n'ai pu assister au dîner de gala qui a suivi et à la vente aux enchères qui a été un record (plus de € 50.000) car j'avais promis à un ami américain de passage en Bourgogne, de dîner avec lui. Les vins qu'il m' a généreusement offert étaient au diapason de la cuisine du Montrachet :

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J'ai eu une faiblesse coupable pour le Chevalier, et apprécié l'élégante finesse du Richebourg

Bon, il n'est que temps que je retourne à La Charmoise et chez Burgaud où il me tarde de déguster les 2010 et procéder à une nouvelle lecture des 2009.

Il n'y a aucun doute : en Bourgogne, on a des rapports avec des vignerons. A Bordeaux, on a des rapports avec des étiquettes, quand bien même il y a encore quelques vignerons qui aiment leurs vins un peu plus que les euros que ces vins leur rapportent.

… quand je vous dis que parfois, je suis méchante langue !


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