Dans un entretien publié sur le site de France-Soir, le 1er juillet 2011, Marine Le Pen revient sur l’affaire DSK suite aux révélations du New York Times quant à la crédibilité des accusations portées contre l’ex-Directeur Général du FMI.
Entretien qui commence très fort, puisque par un mensonge :
« Je ne me suis jamais prononcée sur le fond de cette affaire parce que je suis avocate et que je sais combien ces dossiers sont complexes. » Affirme la Présidente du Front National.
Faut-il lui rappeler les propos qu’elle tint, le jour même de l’arrestation de DSK, sur RMC, BFMTV, RTL, etc., et plus encore dans une vidéo postée sur le site du Front National ?
Une vidéo en date du 23 mai dernier, où Marine Le Pen bafoue allégrement la présomption d’innocence (à laquelle elle se dit pourtant « profondément attachée ») et dont voici les extraits les plus remarquables.
« La stupeur non encore dissipée, le système s’est remis immédiatement en marche pour gérer le cataclysme, pour orienter l’opinion publique vers le déni de réalité avec une absurde théorie du complot (…) Durant cette semaine, jamais les français ne furent publiquement invités à s’interroger sur la gravité de l’acte supposé, sur ce que cette affaire disait de nos pratiques politiques et les déficiences de notre démocratie. »
Si Marine Le Pen prend soin de préciser « supposé » quand elle évoque « l’acte », une ligne en amont elle fait mention d’un « déni de réalité » (mais de quelle « réalité » parle-t-elle ? Qui la connaît, ce 23 mai ?) puis, une virgule plus loin, la voilà suggérant que « cette affaire » est révélatrice (?) de « nos pratiques politiques » et « des déficiences de notre démocratie ».
Outre qu’elle n’est pas, là, dans le conditionnel, mais dans l’affirmation, en quoi, « cette affaire » dit quoi que ce soit sur « les déficiences de notre démocratie » ?
Quel est le rapport avec la choucroute ?... Patience, ça arrive…
… Mais avant d’y venir, notons ébaubis qu’elle réfute toute « théorie du complot », la qualifiant même « d’absurde ».
Or que dit-elle, plus aval dans cette vidéo ? Ceci :
« Nicolas Sarkozy, de son côté, malgré la parfaite connaissance de la situation, a promu une personne vraisemblablement perturbée à la tête du FMI, peut-être par machiavélisme, dans l’espoir de faire tomber un adversaire, peut-être simplement par intérêt personnel, pour éloigner Dominique Strauss-Kahn de la présidentielle. Dans tous les cas, Nicolas Sarkozy est gravement coupable d’avoir joué avec l’image de la France en prenant le risque de nommer, à la tête d’une institution qui engage l’image de notre pays, un personnage pareil. »
Diantre ! A la lecture de cette prose, on entend quoi ? Sinon que Sarkozy est un fieffé comploteur. Ou, au minimum, un diabolique calculateur. Mais n’est-ce pas idem ?
Ainsi donc, Marine Le Pen ne croit pas au complot, mais nous en décrit un, totalement « machiavélique », tout droit sorti de son esprit, étayé par rien, ne reposant sur aucun fait avéré, aucune preuve.
Marine Le Pen (qui, là encore, n’est pas dans la supposition, mais dans l’affirmation) va même jusqu’à l’accusation. Non seulement elle accuse le Président de la République d’avoir ourdi afin de se débarrasser d’un adversaire politique, mais qui plus est, elle affirme qu’il savait que Dominique Strauss-Kahn était « une personne vraisemblablement perturbée » (Ce qui, en creux, signifie qu’elle le pense, DSK, « vraisemblablement » coupable des faits qui lui sont reprochés).
Mais au fait, qu’est-ce qui permet à Marine Le Pen de penser que DSK est « une personne vraisemblablement perturbée » ?
Il faut revenir à ces différentes déclarations du 15 mai dernier, pour le savoir.
Ainsi, celle-ci, sur RTL :
« La vérité c’est que, et vous le savez pertinemment bien, tout Paris – le Paris journalistique, le Paris politique – bruisse depuis des mois des rapports légèrement pathologiques que Monsieur Strauss-Kahn semble entretenir à l’égard des femmes ! ».
« La vérité », dit-elle… Et elle repose sur quoi cette « vérité » ?
Des « bruissements ».
Or donc, des rumeurs.
Depuis quand des « rumeurs » font-elles une « vérité » ?
Luc Ferry n’est qu’un enfant de chœur, à côté de Madame Le Pen…
Ces rumeurs, elle nous les ressert copieusement dans cette vidéo du 23 mai :
« Beaucoup savaient pertinemment que Strauss-Kahn n’était pas, comme on le présentait, un séducteur, mais un harceleur ; non pas un homme qui aime les femmes, mais un homme qui en fait l’objet de pulsions qu’il ne peut apparemment contenir. »
On sent foutrement dans cette phrase, combien Marine Le Pen est « très attachée » à la présomption d’innocence (« … pulsions qu’il ne peut apparemment contenir. »). Mais passons…
« Beaucoup savaient » qu’elle nous bonnit…
Nicolas Sarkozy donc, le « Tout Paris », mais qui d’autres ?...
Madame la procureure Le Pen, n’hésite pas à gravement nous éclairer :
« Ses proches, comme ses amis politiques socialistes, n’en ignoraient rien, mais n’ont rien dit. Et surtout, beaucoup plus grave, ils n’ont rien fait. Par ambitions personnelles, ils s’apprêtaient, au contraire, à tout faire pour qu’il soit le Président de la République Française, et donner ainsi à cet homme des pouvoirs exorbitants, et l’honneur de représenter notre pays dans le monde, mais quelle folie ! ».
« Quelle folie ! » de « donner » à un « personnage pareil » ne sachant contenir « ses pulsions » les clés du pays ; un homme qui n’est pas « un séducteur mais un harceleur »... La présomption d’innocence en reprend un (sale) coup…
Rappelons, au passage, que ce sont les électeurs qui décident du choix du Président de la République via une élection. Pas « les amis politiques socialistes » de Monsieur Strauss-Kahn... Madame Le Pen a, « vraisemblablement », quelques « déficiences » concernant le fonctionnement de notre démocratie.
« Ils n’ont rien dit » ?... Mais « rien dit » à propos de quoi ? Que DSK pouvait être un présumé violeur, par exemple ?... Je n’entends que cette insinuation dans ce : « Ils n’ont rien dit ». Quoi d’autre(s), sinon ?
Et donc ?
Et donc pour « n’avoir rien dit » et « rien fait » ils sont… (tadam !) « Complices ». Soit : les « amis de DSK », ses « proches », Nicolas Sarkozy, etc., mais itou, les médias :
« J’ai, dès les premières minutes de l’affaire, tenu à dénoncer l’omerta de la classe politique et médiatique qui préservaient un silence complice autour des penchants, peut-être pathologiques, de Dominique Strauss-Kahn ».
On résume : selon Madame Le Pen, ce qui s’est passé dans la chambre 2806 (et dont on ne sait toujours rien) le « Tout Paris », les médias, Nicolas Sarkozy, les « amis » et les « proches de DSK » en sont, peu ou prou, responsables.
Mais au fait, quid de cette « simple femme du peuple, certainement brisée, et aujourd’hui terrée » qu’est Madame Diallo ?
Voilà ce qu’en disait Marine Le Pen, le 23 mai :
« Ce qui m’a profondément choquée, ce qui a profondément choqué les nombreuses personnes qui me l’ont dit, c’est qu’il n’y a pas eu un mot pour la victime, pas un mot pour la jeune femme ».
« La victime »… C’est clair, non ?
D’un côté le « harceleur », de l’autre la « victime ».
Madame Le Pen qui se targue d’être avocate devrait savoir que tant que la justice n’a pas établi la vérité, il n’y a pas de victime, mais : une plaignante.
Tant que le verdict n’est pas tombé, on ne peut dire qui est la « victime ».
En qualifiant Madame Diallo de « victime », Marine Le Pen désigne, encore une fois, et en creux, « le milliardaire Strauss-Kahn » comme potentiellement coupable.
Certes, elle y adjoint de l’« apparemment » mais annulé par du « vraisemblablement ».
Emporté par son élan, elle ne s’arrête évidemment pas là… Et voilà qu’on revient à notre invraisemblable choucroute.
« Ce scandale mérite à l’évidence, un complet décryptage. Parce que cette affaire a mis à nu le système, a mis en lumière ses mensonges, a dévoilé ses connivences profondes. Cette affaire qui nous saute à la figure, nous invite, plus que jamais, à ouvrir les yeux sur nos prétendues élites, sur leurs insupportables privilèges. »
Puis d’asséner :
« En France, l’affaire DSK n’aurait probablement jamais été portée à notre connaissance. »
Vraiment ? Dresser la liste des « puissants » traduits en justice, celle de notre pays, serait pour le moins fastidieux, mais rappelons juste à Madame Le Pen, qu’un sénateur socialiste, Monsieur Jacques Mahéas n’y a pas échappé.
Mais, puisqu’elle évoque un « décryptage », eh bien décryptons…
Au vu de ses propos, or donc la concernant, c’est du limpide. Tant cette vidéo du 23 mai « met à nu » Madame Le Pen…
Ce « qui nous saute à la figure » c’est que, en vérité, Marine Le Pen est une menteuse. Car, bien sûr que si, et contrairement à ce qu’elle affirme dans France-Soir, et ainsi que cette vidéo le démontre, elle s’est (bien mal) « prononcée sur le fond de l’affaire ».
Bafouant, plus d’une fois, la « présomption d’innocence » au soi-disant bénéfice de « la présomption de sincérité ».
De surcroît, elle aura accusé : Nicolas Sarkozy, le « Tout Paris », les médias, la classe politique dans son ensemble, etc., de « complicité » (de viol, en l’occurrence, et entre autres...).
Bref, avec Marine Le Pen, on aura surtout touché le fond.
Celui qui remugle.
NB – Pour rappel : « Affaire DSK : La Grande Poubelle Médiatique ».