Quelques généralités sur la montagne et le romantisme m’ont fait penser à ce qui a suivi cette période. Un peu différente et bien plus utilitaire est la vision de la fin du XIXème. La montagne n’est plus source de révélation personnelle mais de guérison.
Guérison morale. Le point important est le calme que le paysage apporte. Cloches des vaches au loin, claquement des sabots d’un mulet, bourdonnement des mouches. Assis sur un banc adossé au chalet, on oublie ses soucis devant ce pittoresque. On se guérit des agitations mercantiles de la plaine et du struggle for life. On, c’est-à-dire les visiteurs, ceux qu’on n’appelle pas encore les touristes. Les paysans de montagne, eux, sont à la tâche, à griffer la terre et faire du dénivelé pour quelques patates et quelques fromages.
La guérison de l’étranger est physique aussi. Exemple dans Heidi. La petite Clara, infirme, abandonne son fauteuil roulant grâce au bon air (et à l’aide du grand-père, misanthrope devenu le Vieux de l’Alpe). Exemple dans la Montagne magique de Thomas Mann: le sanatorium Berghof de Davos. À 1560 mètres d’altitude.
Les sanas fleurissent partout dans les hauteurs, jusqu’à ce que les antibiotiques aient raison à peu près de la tuberculose (qui fait pourtant son grand retour actuellement. Mais c’est une autre histoire). Mais on leur trouve une autre fonction: la convalescence. La clinique genevoise de Montana. Toujours le bon air.
Celui que je respirerai dès demain est à 1650 mètres d’altitude. Plus haut que le Berghof. Mais moins que Thomas Mann.