Chroniques DSI – Xavier LEBLEU, point de vue sur le Cloud computing et le Saas

Publié le 28 juin 2011 par Jpperrein

De : Jean-Pascal Perrein – Fondateur et président du cabinet 3org Conseil : … A : Xavier LE BLEU

Bonjour Xavier,

Il parait que cela devient à la mode ! Alors peut-être, vous aussi, avez en ce moment une sensibilité autour des orientations possibles pour transformer la DSI afin de favoriser un rapprochement vers les Directions métier.

Si oui, ces articles peuvent vous intéresser. Ils challengent cette orientation en s’appuyant sur une approche d’offre de services riches (OSR) :

En message de fond, l’idée est de réfléchir au comment favoriser une relation DSI<->Direction métier d’adulte à adulte face aux usages de l’information. Ceci, notamment, dans un but commun pour :

  • Développer la notion de propriétaire de l’information porteur de leurs référentiels,
  • Diminuer de façon systémique les risques autour de l’information,
  • Déployer plus souplement des projets à fort usage d’information (GED, Archivage probant, long terme, dématérialisation, réseaux sociaux, ..),
  • Rester consulté « au pire informé » des choix de solutions qu’elles peuvent faire,
  • Intégrer les XaaS dans l’évolution fonctionnelle des solutions métiers,

Je crois vraiment que le passage en mode offreur de services riches est déterminant. Mais, faites-vous votre avis, sachant que j’aurai un grand plaisir si ces articles vous apportent quelques éléments de réflexion (j’aurai le plaisir, si bien sûr vous me faites un retour ).

Avec 5 minutes de plus, vous pouvez aussi commenter le blogue, poser vos questions, avis ou réflexion et initier un débat auquel j’aurai grand plaisir à me joindre.

Bonne lecture, et à très bientôt,

Bien cordialement,

Jean-Pascal Perrein

http://www.3org.com

Twitter : @jpperrein

De : Xavier LE BLEU – DSI / RSI Europe A : Jean-Pascal Perrein

Bonjour Jean-Pascal,

Adhérer au principe du Networking suppose une certaine implication dans les échanges qui se créent. Viadeo est effectivement un outil riche dont je me sers régulièrement. Si la veille technologique est une nécessité dans mon métier, vous aurez sans doute observé que je pondère mes propos en évoquant la notion de “modes & tendances”. Ce n’est pas une formule mais une réalité.

A l’heure où toutes les SSII ne parlent que de Cloud Computing (elles sont loin d’être unanimes sur le sujet !), je continue à m’interroger sur cette “tendance” qui tend à renforcer la position des éditeurs au détriment de l’indépendance des sociétés utilisatrices …

Ce qui est proposé existe déjà, d’une façon ou d’une autre, c’est la disposition qui change. Alors, y a-t-il un véritable intérêt à succomber à cette technologie qui s’apparente plus à une « offre d’outsourcing déguisée » qu’à une véritable source de valeur ajoutée ?

Je pense que les méthodes ITIL, CMMI, Cobit (pour ne citer qu’elles) sont plus en phase avec la notion d’offre interne de services. C’est un point de vue personnel en tout cas.

Quoiqu’il en soit, je vous remercie de me suggérer certaines lectures dont je m’inspirerai certainement pour mes futurs travaux.

Au plaisir d’un échange prochain.

Xavier Le Bleu

DSI / RSI Europe

De : Jean-Pascal Perrein – Fondateur et président du cabinet 3org Conseil : … A : Xavier LE BLEU

Bonjour Xavier,

Effectivement le « Cloud Computing » est une tendance, qui dépouillée de ses apparats, n’en reste qu’un hébergement avec des services autours (bref de l’outsourcing déguisé comme vous dites).

Effectivement, les éditeurs, qui ont un business model « d’occupation de terrain », valorisent énormément le Cloud ainsi que tous les « X as a Service » qui vont avec, le « X » étant à peu près toutes les lettres de l’alphabet !

Effectivement aller sur le Cloud ne devrait pas vouloir dire s’envoyer ou envoyer tout ou partie de sa DSI dans … les nuages. La chute serait douloureuse !

Maintenant, sur un point de vue personnel concernant le Cloud et ses xaaS ne devrions-nous pas être :

  1. « Japonais » : Cette tendance porte des éléments qui peuvent être forts utiles, ne devrions-nous pas profiter des sommes d’argent souvent spectaculaires investies par ces Editeurs en R&D et en Marketing pour « notre » usage : ( La notion de package forfaitaire, la souplesse d’usage sur un modèle de location, avec un investissement faible, le positionnement marketing et fonctionnel orienté métier, la possibilité de monter en charge de façon très réactive, …). En fait, il y a des trucs pas mal, certains facilement applicables au sein d’une DSI.
  2. Opportuniste : Dans tout ce « vent » il peut y avoir des produits sympathiques qui pourraient me permettre plus de souplesse et plus de réactivité face à une Direction métier qui est très exigeante, … en délai. Il est aussi possible « d’utiliser » ce Cloud pour mûrir des besoins à moindre coût (très faible investissement au départ), pour la réalisation de POC/POT/Expérimentations,
  3. Anticipatif : Il est probable que cette baudruche se dégonfle un jour, pas pour disparaitre, mais pour évoluer vers humm, une offre « Cosmos » peut être . Du coup, en tant que DSI, dans quelles mesures devrais je me garder « confronté » aux évolutions du marché (et donc entretenir ma réactivité et celle de mes équipes) ? Et même actuellement, ne devrais-je pas anticiper sur des réactions que pourraient avoir mes Directions utilisateurs dans le choix d’une solution sur le Cloud (et avoir prévu des connexions avec le SI traditionnel (Annuaire par exemple)).

Quoiqu’il en soit, imaginons que ce « Cloud&xaaS » n’existe pas. Effectivement, les ITIL, CMMI, Cobit, .. sont des méthodes qui permettent de construire des choses cohérentes et en phase avec la notion d’offre de services (assez technique quand même). Mais, … il y a quelque chose qui me gêne, en fait il manque quelque chose à ces méthodes, qu’elles ne pourront jamais couvrir : c’est l’aspect culturo-fonctionnel. Un vrai gros mot !, mais grosso modo, je peux appliquer des superbes méthodes mais il me faut une entrée : Le besoin de l’utilisateur. Et ce besoin, depuis la nuit des temps, en tant que DSI, j’ai vraiment du mal :

  • A le comprendre rapidement,
  • A le reformuler,
  • A l’adapter à l’usage réel,

Et c’est normal, je suis un informaticien, pas un métier, je n’ai pas la même culture, ma valeur ajoutée est dans l’expertise, pas dans le commercial, ni le marketing, ni le « métier n°84 » de mon entreprise. Du coup j’essaie de coller des MOA/MOE sous différentes sauces, c’est mieux, il n’en reste que cela n’est vraiment pas parfait.

En plus ces Directions métier deviennent plus autonomes, et demandent encore plus de réactivité, du coup c’est encore plus difficile pour arriver à « les gérer » dans leurs expansions et impatiences !

Parce que le challenge aujourd’hui est quand même de les garder en tant que client (qu’elles ne partent pas vers ce fameux « Cloud » !)

Peut-être que si la DSI se transformait ? Le devrait-elle d’ailleurs, ou ne devrait-il pas y avoir une nouvelle organisation à créer plus proche des métiers ?

A creuser !

Bien cordialement,

Jean-Pascal Perrein

http://www.3org.com

Twitter : @jpperrein

De : Xavier LE BLEU – DSI / RSI Europe A : Jean-Pascal Perrein

Bonjour Jean-Pascal,

Je vois, çà et là, dans vos propos, des pistes intéressantes mais ne peux m’empêcher de voir le cheval de Troie ! Ce n’est pas maladif, c’est juste mon côté pragmatique …

Oui, sans doute devrions-nous être davantage opportunistes, anticipatifs et, pourquoi pas, Japonais.

Cela étant, afin de rester basique, le « Cloud » offre, à l’évidence, des services qu’une DSI serait tentée de s’offrir pour mieux servir ses utilisateurs et pour alléger ses propres opérations internes.

Il n’en reste pas moins qu’un minimum de gestion (supervision et administration) de cette prestation reste indispensable. Si je devais choisir un exemple concret, je prendrais celui du réseau « data » de l’entreprise.

Imaginez-vous un instant une PME multi-sites de quelques centaines de postes sur un WAN IP/MPLS (par exemple) embaucher un staff permanent de spécialistes des switch, routeurs, règles de routage et autres protocoles nécessaires à cette mise en œuvre ?

Non, bien évidemment. Nous sommes là, typiquement sur le cas d’une prestation qu’il convient d’acheter. D’abord pour bénéficier de l’effet de mutualisation mais aussi (à moins de changer de plan d’adressage tous les mois !) parce qu’il s’agit d’une opération ponctuelle.

En revanche, je pense fondamentalement que l’entreprise à tout à perdre à ne pas garder la maîtrise de ses infrastructures.

Mettre ses données sur un SAN perdu dans une nébuleuse, faire sous-traiter sa hotline dans des contrées exotiques ou encore, comme le voudrait beaucoup d’éditeurs, utiliser des logiciels « on line » facturés au temps de connexion, pour une DSI c’est jouer à la roulette russe avec un barillet plein !

Alors pour conclure ces propos, je dirais que rien n’a changé puis la nuit des temps.

Il y a des travaux qu’il est stupide de vouloir à tout prix effectuer en interne comme d’autres qu’il est dangereux de vouloir sous-traiter. D’ailleurs, si la sous-traitance était LA solution, je pense qu’il n’y aurait plus que des prestataires de service, ayant remplacés le traditionnel service IT interne.

En dernier lieu, même si nous nous éloignons du débat original, je voudrais, Jean-Pascal, vous soumettre une réflexion que je me fais souvent, lorsque, en simple consommateur, je suis confronté à la nécessité d’appeler, à titre privé, un fournisseur ou un prestataire quelconque.

9 fois sur 10, pour ne pas dire 99 fois sur 100, j’ai recours à l’utilisation forcée d’un serveur vocal. Une perte de temps épouvantable, essentiellement due aux temps d’attente et aux dizaines d’opérations nécessaires pour obtenir enfin (pas toujours) l’information ou le correspondant. Or nous sommes dans un monde qui se targue d’être un monde de qualité ! Foutaise. Pour moi, c’est une belle régression et une preuve flagrante de non-qualité.

Malheureusement, sous couvert de modernisme, on s’est progressivement séparé de ce qui assurait un lien humain entre un client et un fournisseur. Eh bien c’est exactement ce que je ne veux pas pour une DSI. Le client (ou l’utilisateur) doit rester l’interlocuteur privilégié de la DSI.


Alors le « Cloud » est-il vecteur de progrès et de qualité de service ?

Oui, sûrement, à condition qu’il accompagne la DSI en support de ses projets et non en phagocytant la technologie, tendance qui pourrait contaminer bien des prestataires …

Cordialement,

Xavier Le Bleu

DSI / RSI Europe