Comment être surpris des rebondissements d'une affaire glauque comme celle de DSK jugée par une justice non moins glauque, où tout se réduit à une concurrence effrénée dans laquelle tous les moyens, y compris les plus inéquitables sont acceptables, et dont l'objectif, -la vérité-, pompon agité au-dessus des partis par un juge en quête de réélection, sera décroché non pas par la main la plus pure, mais par la plus puissante ?
Voilà une histoire qui m’écœure du début jusqu'à la fin. Je déteste les violeurs, je plains les michetons et les putes, sans vouloir les condamner pour autant – juste je vis autrement-, je hais les surenchères et j'exècre les débats où toutes les parties n'ont pas les mêmes moyens au départ.
Je ne comprends pas une justice où chaque partie engage en fonction de ses moyens des mercenaires qui doivent faire prospérer une thèse au détriment de l'autre. Plus que toute autre, elle permet au plus fort d'écraser le misérable.
Ce ne serait déjà pas facile à un enquêteur impartial de débrouiller cette pauvre histoire de cul. Car nous n'avons là que l'affrontement de deux misères : sexuelle d'un côté, sociale de l'autre... En faire l'enjeu d'un tournoi de détectives privés revient, suivant une expression très employée en politique politicienne, à jeter de la merde dans le ventilateur.
Point n'est besoin de détruire complètement deux personnes et de les mettre à nu sur la place publique alors qu'on pouvait les renvoyer dos à dos avec chacun leur misère sous le bras. La justice n'a jamais donné la morale à ceux qui n'en ont pas.
Ceux qui se réjouissent un peu trop vite, ce sont les strausskahniens qui voient déjà leur héros revenir caracoler sur l'échiquier politique. Non il ne reviendra pas, parce qu'il a tout de même vaporisé du sperme sur cette pauvre fille, et que même s'il arrivait à démontrer que c'est lui qui a été bousculé, -avec de l'argent tout est possible-, il resterait cette tache indélébile que même la plus exemplaire réhabilitation judiciaire ne peut faire disparaître.
Néanmoins, cette perspective, déjà agitée par sa copine Saban, ne va pas contribuer à stabiliser le départ en campagne cahotant du P.S. Par ailleurs, cette situation montre le caractère prémonitoire de mon article 383 , où dans la dernière partie notamment, à côté de la photo des éléphants, je m'interrogeais sur la réelle volonté du PS d'accéder au pouvoir.
Pour revenir au caractère sexuel de notre affaire, on a vu toute une brochette de féministes qui a fait mousser le fait divers au-delà du raisonnable, qui doit se sentir un peu dinde ce matin. (J'aurais du dire dindon, je sais..) Quand je me remémore les imprécations quasi-castratrices que nous avons entendues à travers les médias sur la phallocratie et « l'esclavage sexuel » des femmes, je me demande jusqu'à quel niveau de cabotinage nos édiles sont capables de vendre leur camelote. Tout ça ne sert pas leur crédibilité. Certes, il y a quelques désordres en cette matière comme dans d'autres, mais ce n'est pas en nous montant des châteaux de cartes et des soufflés montés à la hâte sur des faits divers vaseux qu'ils vont y porter remède...
Tiens, pareil à l'UMP. Ces gens-là ne cessent de nous parler d'union, jusque dans le U de leur sigle. Mais que font-ils pour l'union à part de tenter de dresser les Français les uns contre les autres ?
A les entendre, les Français seraient tous ennemis les uns des autres. Les banlieusards opposés aux citadins, les citadins aux agriculteurs, les étrangers aux chômeurs, présentés tantôt comme victimes, mais l'instant d'après comme coupables quand on les accuse d'être des assistés, les homos comme des êtres à part indignes de l'égalité républicaine du mariage pourtant largement acceptée par l'opinion publique. Les primaires du PS sont montrées comme une tentative de fichage, alors qu'elles ont reçu tous les avals et visas des autorités légales, ceci sans doute pour démontrer que l'UMP est, elle, bien incapable de primaires, tant tous les pouvoirs tous les fils des marionnettes sont tenus par le petit chose qui n'entend pas les lâcher...
Ce qui se délite chaque jour à vue d’œil, et ce grâce au discours et aux actes de notre gouvernement, c'est le tissu social. Faudra-t-il aller jusqu'à une « indignation à la Française » pour le reconstituer ? L'histoire a montré notre savoir-faire en la matière. Qu'attendons-nous ?