J'ai été opérée voici 2 semaines et je n'avais pas encore eu de nouvelles de l'analyse des prélèvements. Je partais du principe que "pas de nouvelles, bonnes nouvelles". Je me doutais bien que si c'était mauvais, je risquais de ne pas avoir ma gynéco au bout du fil mais mon oncologue, ce qui n'augurerait rien de bon pour moi dans les semaines à venir. A coup sûr je repassais par la case chimio.
Finalement j'ai reçu ce matin par courrier, une lettre de ma chirurgienne m'annonçant que tout est parfaitement rassurant. Aucun signe suspect de malignité dans les prélèvements effectués. Avant même d'ouvrir la lettre, je savais qu'en utilisant ce moyen de communication, je n'avais rien à redouter. Les mauvaises annonces ne se font pas par écrit. Etait joint le fax du compte-rendu de l'analyse des prélèvements provenant du laboratoire d'analyse.
Je n'avais pas tout compris. L'IRM mammaire que j'ai passée en avril montrait un épaississement localisé de ma cicatrice de tumorectomie. C'est pourquoi le radiologue avait pratiqué une biopsie sur cette zone. Il est tellement précis qu'il a pris le seul millimètre de cellules révélant une hyperplasie mammaire atypique (pré-cancer mais pas cancer). J'ai eu droit à un grattage de la cicatrice pour être certain qu'il n'y avait aucun foyer cancéreux. L'analyse révèle une zone cicatricielle comportant un granulome lipophagique bordé par un foyer d'hyperplasie simple, non atypique. Je vais devenir hyper calée en termes médicaux, je viens encore d'enrichir mon vocabulaire avec "granulome lipophagique".
Autrement dit, l'épaissement de ma cicatrice est dûe à une cicatricision en cours entre des cellules géantes (macrophages) et de la graisse. Mon sein est tout simplement en train d'absorber la graisse injectée par mes deux lipomodelages. Il est en cours de cicatrisation par rapport à ces injections de graisse, ce qui entraîne une zone cicatricielle avec plein de cellules bizarroïdes, pas cancéreuses mais pas vraiment normales. Elles n'ont pas fini leur boulot.
Le plus important est que toutes ces cellules ne soient pas atypiques, ni cancéreuses. C'est le gage qu'on va me laisser tranquille pour quelques temps. OUF... Je repars pour une accalmie.
Ce petit vent de panique a eu le mérite de me révéler une personne pour ses qualités humaines.
Mes perfusions à domicile sont effectuées par un infirmier ou une infirmière, toujours les mêmes. Ils sont extrêmement prévenants. Je les apprécie beaucoup. Je suis suivie par une gynéco et une oncologue dans mon hôpital privé. Par contre pour ce qui concerne les perfusions à domicile, elles sont gérées avec l'aval de mon oncologue par le centre anti-cancer de Lyon, le CLB, plus exactement par un service bien précis avec à leur tête un autre oncologue. Je les ai régulièrement au téléphone pour des questions logistiques. Eux de leur côté m'appellent de temps à autre la veille des perfusions pour s'assurer que tout va bien et que je suis apte à recevoir ma chimio le lendemain. Mon infirmer a travaillé 15 ans au CLB. Il les connaît bien et lui aussi les a au téléphone de temps en temps. Il leur avait dit que j'allais être opérée. Je l'ignorais. Mardi une infirmière de ce service m'a appelée pour prendre de mes nouvelles. J'étais agréablement surprise. J'ai trouvé ça très humain de sa part de se soucier ainsi de moi alors que nous n'avons que des contacts logistiques. Hier alors que j'avais ma perfusion, chez moi, mon infirmier comme d'habitude les a appelés et l'a eue au bout du fil. Elle sait que je vois ma gynéco jeudi prochain, elle voulait savoir si c'était au CLB pour me rencontrer. Apprenant que c'était à l'hôpital privé, elle ne s'est pas découragée, elle va tenter d'être présente lors de mon rendez-vous pour faire ma connaissance en chair et en os, histoire de mettre un visage sur mon nom. J'ai vraiment apprécié une telle démarche qui révèle que nous ne sommes pas que des cancers mais bien des personnes. La prochaine fois que je vais au CLB, je vais passer leur faire un petit coucou. J'y vais de temps en temps pour la psy de ma fille, la prochaine fois devrait être en octobre.
Je vais pouvoir passer un week-en en amoureux avec mon mari beaucoup plus détendu.