Pourriez-vous présenter les membres du groupe Shaka Ponk ?
Ion : Le batteur il s’appelle Ion, c’est moi.
Samaha : La chanteuse, elle s’appelle Samaha, c’est moi.
Frah : Moi je suis le chanteur Frah. Nous avons Steve au clavier, Mandris à la basse et CC (Cyril) à la guitare.
Vous avez vécu quelques années à Berlin, qu’est-ce que vous avez ramené de cette ville ?
Frah : Tout. Tout c’est créé là bas en 2003. On y est resté jusqu’en 2007. On est parti un peu à l’aventure, pour se mettre dans une situation particulière et aussi parce qu’il paraît que Berlin c’est bien! On ne connaissait pas du tout, on s’est retrouvé là bas à essayer de survivre, et donc à faire de la musique, des images pour créer quelque chose d’original. Les gens avec qui on a bossé nous ont apporté un truc très important c’est le travail et la rigueur.
Les français ont une super mauvaise réputation pour la musique et pour l’art en règle générale concernant la rigueur par rapport aux allemands. Ils disent « les gars vous faites n’importe quoi, vous répétez jamais. Ils faut sans arrêt travailler sur le rythme ». Même si nous on n’était pas du tout comme ça, ils nous ont appris à nous mettre dans des situations de danger pour qu’en cas de problème dans un concert, on puisse faire comme si de rien n’était. Pour ça Berlin chapeau.
Vous avez été nommé aux Victoires de la Musique en 2010, vous étiez à la cérémonie ?
Samaha : Oui, oui, on y était.
Frah : On n’y croyait pas du tout, donc on a failli pas y aller.
Ion : Je ne sais pas si le passage TV a apporté. Le lendemain sur MySpace il y avait 10 visites en plus.
Frah : Si, c’est étonnant, on a gagné 100 places dans le classement des ventes le temps de la chanson. On était deux cents quelque chose, et on est passé d’un seul coup à cent quelque chose.
Samaha : C’est aussi un peu de reconnaissance. C’est quand même agréable.
Frah : C’est étonnant, surtout pour un groupe parti s’exiler à Berlin dans un domaine assez restreint ici en France qu’est la pop française. Tout le monde nous disait « les gars faut chanter en français ». Etre nommé aux victoires de la musique 3-4 ans après c’est une belle histoire. On trouvait que la boucle était bouclée. Mais elle n’est pas finie !
Ion : Moi j’ai pu voir Maurane en live, j’étais super content.
Frah : Maurane et un peu Steve Wonder aussi (rires).
Ion : Surtout Steve Wonder !
Samaha : On répétait juste après lui. J’ai touché son siège (rires), j’ai respiré son air.
Frah : On se retrouve par hasard avec les balances de Steve Wonder qui sont à la bourre donc le Steve il est sur son clavier, nous on est à trois mètres et puis il fait ses trucs, il improvise. Tout le monde sur le plateau était très attentif. Et puis il travaillait, il bossait avec ses musiciens, il les guidait. C’était une belle petite tranche de vie.
Samaha : Une grande émotion. Un exemple de rigueur encore une fois.
Votre nouvel album se nomme « The Geeks and the Jerkin’ Socks », pouvez-vous nous l’expliquer ?
Ion : En fait c’est un problème de bouche à oreille.
Frah : On a toujours des titres un peu bizarres. En fait on voulait faire un disque un peu sixties, un peu old school science fiction, avec les vieux films de l’époque. C’est pour ça qu’on a fait cette pochette. Au niveau des clips, on voulait aussi aller dans ce genre de truc avec des robots un peu old school. On avait donc décidé au moment où il fallait trouver un nom, de l’appeler « The Galatics and the Surfing Jocks ». Les jocks ce sont les disc jockeys. Donc cela faisait les Galactiques et les disc jockeys surfant, un truc un peu acidulé. On a foutu l’album à fond je l’ai dit dans l’oreille de Sam qui l’a répété aux autres membres, ça s’est déformé jusqu’à Mandris qui a dit « C’est quoi ? The Geeks and The Jerkin’ Socks ? »
Samaha : On a trouvé ça drôle
Frah : On a trouvé ça mortel. Du coup, le filtre a créé The Geeks. En plus les Geeks ça nous correspond assez bien, vu qu’on est collé sur nos ordis tout le temps. Et les Jerkin’ Socks qui sont une sorte de cousin de « Jerk off into a socks » qui veut dire en anglais « se branler dans une chaussette » expression très utilisée dans l’argot pour dire « j’ai rien foutu de la journée »
Samaha : C’est pour les gens qui n’ont pas réellement de vie sociale, un peu comme les geeks. Ils ont donc tendance à ne pas avoir de vie sexuelle (rires).
Frah : Exactement ! L’amalgame de tout ça correspondait pas mal à nous et à ce qu’on voulait faire de ce disque.
Samaha : Non, mais des fois, il nous arrive de faire l’amour.
Frah : Avec des magazines quoi.
Comment vous l’avez composé ?
Ion : Un peu comme on a trouvé le titre. C’est souvent des malentendus, des accidents heureux.
Frah : C’est pas loin de ce que tu as vu là. C’est à dire, on est dans le bus, il y a des pads, on enregistre sur un ordi, on ne passe pas trop en studio.
Samaha : Cet album là, on l’a vraiment beaucoup enregistré en pleine tournée. On était vraiment dans le bus.
Et chacun met sa pierre à l’édifice ?
Samaha : C’est très mélangé.
Il n’y a pas de rôle précis ?
Samaha : Il y a surtout des engueulades… Non, ça se passe bien !
Frah : Franchement c’est l’anarchie totale…
Samaha : Ça ce passe très bien, c’est l’harmonie.
Frah : C’est l’harmonie totale, on fait des morceaux sans vraiment s’en rendre compte, avec des cartes sons et des ordis dans une ambiance d’anarchie totale.
Samaha : Mais on se rend compte qu’on fait de la musique quand même. On est des geeks, mais on fait aussi de la musique. Après bien ou pas bien on ne sait pas.
Comment vous décririez ce nouvel album ?
Frah : Ben c’est une grosse merde ! (rires) Comme les autres. D’ailleurs on aurait du l’appeler « c’est de la merde ».
Samaha : Ça aurait été bien. Cela donne un petit coté Katerine. Lui il aurait été capable de le faire. Mais il faut l’assumer après.
Frah : On s’égare. Nous on sait pas. On est bien les derniers au monde à pouvoir le décrire.
C’est dans la continuité des précédents ?
Frah : Oui
Samaha : Il est très éclectique en tout cas. Après, le rock revient toujours. Pour certains il est plus léger. Il y a un morceau qui étrangement est reggae.
Frah : En fait, il n’était pas reggae du tout, mais au moment où on a mis la guitare qui fait « hein, pst, hein » c’est devenu un truc reggae. Sans ce truc là, il sonne bizarrement plutôt année 80s.
Il y a un duo avec Bertrand Cantat, comment ça s’est fait ?
Ion : Ça s’est fait super naturellement. On l’a rencontré par hasard lors d’un concert qu’on donnait. Il était venu voir des amis à lui qui jouaient avant nous, les Kracatoa. On l’a vu pendant tout le concert au premier rang apprécier. On l’a rencontré en sortant de scène et on a bien accroché. On a gardé contact par la suite, jusqu’à ce qu’on ait l’idée. Idée, phantasme qui nous trottait en tête depuis un petit moment, je ne sais pas si on s’était dit qu’on le ferait un jour.
Frah : Le fait de le rencontrer à créer la réciprocité. Pour nous, depuis toujours, le groupe français de rock c’est Noir Désir. Le mec qui écrit les paroles de rock c’est Bertrand Cantat. A chaque fois qu’un gars nous disait « Vous êtes français, chantez en français ! Pourquoi vous boudez le français ? » On répondait « Mais non, pour chanter en français il faut être Cantat ! »
On avait toujours pensé le faire, et quand on s’est rendu compte qu’il nous aimé bien aussi, on lui a dit « Ecoute, ce serait l’occasion, pour la première fois dans notre « petite » histoire de Shaka d’écrire en français. » Donc on l’a fait !
Cette chanson est en français ?
Samaha : Oui, sauf les refrains qui sont en un mélange d’espagnol-anglais. C’était une belle occasion pour tenter le français.
Frah : Ça valait le coup, parce que c’était avec Cantat. Sinon, je pense qu’on ne l’aurait jamais fait.
Qui a écrit les paroles ?
Frah : On l’a fait tous les deux. On a fait ça ensemble. On est bien content du petit mélange. Ça reste quand même du Shaka, ça tend un peu vers de la Mano Negra, et puis il y a le grain de Cantat qui apporte ce truc qui du coup devient intéressant à faire en français.
Les morceaux du nouvel album semblent faits pour la scène, qu’en pensez-vous ?
Ion : On a commencé à les tester, et pour l’instant ça s’avère plutôt efficace. Le lien, c’est qu’on l’a vraiment fait dans le bus, entre deux dates, l’après-midi entre la balance et le concert. Ça se ressent, je pense, rythmiquement, et dans le coté un peu festif de certains textes un peu plus légers. C’est vraiment une photo de vie d’une période qu’on a vécu. Il y a des moments on était en forme, d’autres fatigués, il y a des moments de colère, tout ça se retrouve bien.
Frah : Et surtout le coté, fun et positif. Parce qu’il y avait du monde, des gens contents, des supers concerts, du coup, on partait faire des morceaux qui sentaient la scène.
Il est peut être moins dark en fait. Parce que c’est vrai que celui d’avant était fait totalement en mode « personne ne nous connaît ».
On peut vous voir prochainement sur scène ?
Samaha : On va faire des supers festivals : Les Vieilles Charrues, Solidays, Main Square. On est super heureux. Une expérience qu’on a tous envie de vivre.
Ion : C’est l’occasion d’aller se montrer.
Frah : Surtout ce qui est intéressant, dans les festivals, pour un petit groupe comme Shaka, c’est qu’il n’y a pas 10% des gens qui connaissent. Alors que quand tu fais la Cigale, tous les mecs sont venus voir les Shaka. Dans les festivals, tu montes sur scène, c’est un défis. Ça me rappelle le bon vieux temps.
Samaha : C’est les chocottes (rires)
Un dernier mot ?
Samaha : La vie est belle !
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