Denise Desautels a reçu récemment le prix de littérature francophone Jean Arp et a publié L’angle noir de la joie, chez Arfuyen.
une branche s’est abattue sur une autre
la fin nous passera sous les yeux
même si vêtue de trop de rose
et faisant semblant de rien
on savait que ça viendrait
malgré l’épaisseur des vitres
on avait été prévenus
secoués, secoués
par une accumulation d’armes et d’hécatombes
les incendiaires une fois de plus
se préparent à survivre
on les suit, on les prend par l’épaule
quelques décennies
quelques ennemis de plus
c’est généreux dans les villes
ça s’entend la souffrance
*
imaginons l’autoportrait
un rideau qu’on rire, translucide
pour atténuer – oh à peine
nos fraudes
de famille, d’état
nos petits assassinats aussi
machinalement
en croix, massés
sous une gaine où il fait chaud
en attendant, on fabrique du néant doux
un peu d’anthracite ou de blanc, s’il vous plait
autour d’une improbable rédemption
*
à la fin, on n’a plus peur
on les regarde de près
l’enfant endormi et
plusieurs étoiles malades accolées à la terre
sans bien comprendre pourquoi
absolument nécessaire
la souffrance flambe dans un fouillis de bras
nous avançons, manière Marina Abramovic
le corps tout charbon, penché
son squelette posé sur son dos, son double
grandeur nature
fragile armature d’os
châle d’été, on dirait
Denise Desautels, « une improbable rédemption », L’Angle noir de la joie, prix de littérature francophone Jean Arp, 2011, pp. 75 à 77.
ndlr, sur Marina Abramovic, lire ici
Denise Desautels dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, lecture à Paris nov. 07 (annonce), Le cœur et autres mélancolies (parution), L’œil au ralenti (parution), extrait 7, ext. 8