Comment tourner la page de dix années de troubles et de massacres ? Est-il possible de laisser des crimes de guerre impunis ? Comment ne pas apparaître comme un juge partisan ? Le président ivoirien Alassane Ouattara a répondu à ces questions en se tournant vers la justice internationale pour un règlement judiciaire neutre des diverses atrocités commises par les deux camps tout au long de la crise ivoirienne.
Préoccupé par la question sécuritaire, le nouveau président ivoirien s’inquiète des dérives et dérapages quasi-quotidiens de certains éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), et refusent d’accepter la spirale de la vengeance qui ferait écho aux atrocités du clan Gbagbo.
Convaincu qu’il doit agir rapidement, il a choisi de se tourner vers la cour pénale internationale (CPI), et a demandé à son procureur Luis Moreno Ocampo, d’ouvrir une enquête sur les crimes de guerre et les crimes de l’humanité commis en Côte d’ivoire depuis les dernières élections présidentielles.
Alassane Ouattara a fait cette requête dans une lettre datée du 3 mai 2011, en insistant sur la nécessité de mener « des enquêtes indépendantes et impartiales sur les crimes les plus graves commis depuis le 28 novembre 2010 (date du deuxième tour de l'élection présidentielle, NDLR) sur l'ensemble du territoire ivoirien ».
Régler la question de la sécurité en Côte d’Ivoire est primordiale pour permettre le redressement du pays. C’est d’ailleurs un autre point que le président ivoirien s’attache à résoudre malgré les nombreux obstacles qui se dressent sur la voie de la reconstruction. La lenteur dans la mise en œuvre du programme présidentiel d’urgence (Ppu) n’est pas du tout de son goût.
Ce programme, d’un montant initial de 45 milliards de Fcfa, concerne 19 régions du pays et doit prendre en compte des investissements majeurs dans des secteurs clés tels que l’eau, l’électricité, et la santé.
Une partie du problème a été identifiée par le président comme provenant du désordre des cabinets ministériels. Par soucis d’efficacité, Alassane Ouattara a déjà fait appel à des experts européens pour surveiller la gestion des ministères. Dans un communiqué, il a également fait part de son intention de mettre en place un comité restreint de nomination, chargé de valider les organigrammes des ministères et d’évaluer les propositions de nomination des membres des cabinets ministériels.
Si Alassane Ouattara ne cache pas être préoccupé, il ne laisse pas ses inquiétudes empiéter sur sa force d’action.