Si la première étape du Tour de France 2011 a lieu demain, c’est le 1er juillet 1903 que cette course cycliste a vu le jour, à l’initiative du journal L’Auto (ancêtre de l’Equipe) pour stimuler ses ventes.
Cette première édition se dispute en six étapes mais quelles étapes ! Paris-Lyon ou Toulouse-Bordeaux par exemple, la plus longue fait 471 kilomètres ! On n’avait pas encore inventé l’EPO mais il est difficile de croire que tous ne buvaient que de l’eau, déjà à cette époque.
Les cyclistes ne courent pas par équipes mais individuellement, ils seront 60 au départ et 21 en arrivant au port… chacun devant payer une cotisation pour s’inscrire. Autant dire qu’il fallait réellement être motivé pour se lancer dans l’aventure. A la différence des épreuves modernes, ceux qui abandonnaient pendant une étape pouvaient repartir le lendemain, mais ils ne concouraient plus pour le classement général.
L'organisateur du Tour, le quotidien sportif L'Auto offre 20 000 francs de primes : 3 000 pour le vainqueur du classement général final, 2 000 pour le deuxième, 1 200 pour le troisième, 800, 500, 250, 200, 100, et 50 aux suivants. Le vainqueur de l'étape Paris-Lyon reçoit 1 500 francs ; 700 francs, seulement, pour le vainqueur de l'étape Toulouse-Bordeaux. Chaque coureur encore en course reçoit tous les jours un défraiement de 5 francs et l’inscription coûtait 10 francs (87,50 euros). Le maillot jaune n’ayant pas encore été « inventé », le leader de la course est identifié par un brassard vert, tandis que le dernier se voit confier une lanterne rouge.
Le départ de la première étape est donc donné le 1er juillet à Montgeron, banlieue sud de Paris, devant le Café « Le réveil matin » à 15h16. En effet, Louis Lépine, Préfet de Police de la Seine, avait interdit les courses sur le territoire parisien. Lors de cette première étape entre Paris (Montgeron) et Lyon, Maurice Garin s'impose en 17 heures et 45 minutes devant son compatriote Émile Pagie devancé de 24 secondes.
Ce premier Tour de France cycliste sera remporté par le favori, Maurice Garin avec trois heures d’avance sur son plus proche adversaire. Né au Val d'Aoste en Italie, Maurice Garin est naturalisé français après sa majorité. Il exerce d'abord le métier de ramoneur, ce qui lui vaut son surnom de « petit ramoneur » en raison de ses mensurations,1,62m pour 60kg. Après une vingtaine de victoires étalées sur dix ans, il arrête la compétition et s’installe à Lens où il tiendra un atelier de réparation jusqu’à son décès en 1957. Il avait deux frères, cyclistes professionnels eux aussi, Ambroise et César.
Les récits liés aux premiers Tours sont extraordinaires, cadre de vélo brisé et réparé par le cycliste dans une forge de village, coureur assommé par la chaleur (et le pinard dans le bidon) qui repart dans le sens inverse de la course, aucune voiture suiveuse pour les dépannages, en cas de crevaison on répare avec les moyens du bord etc. Ce sont ces histoires et ces hommes qui ont fait entrer le Tour dans la légende, quand on revoit les images en noir et blanc de ces héros de la pédale, leur matériel « rustique » et les routes pourries de l’époque, on ne peut être qu’admiratif devant ces pionniers.
Maurice Garin en 1903 avec son fils