Avec la ballade de Hambone, les auteurs mettent en scène une tragédie moderne. Des destins auxquels personne n’échappe dans une ambiance à la fois crépusculaire et morbide. Il y a une sorte de poésie sombre qui traverse chaque planche. L’action se déroule à Huzlehurst, localité où est né Robert Johnson, bluesman légendaire qui aurait vendu son âme au diable pour devenir le plus grand guitariste de tous les temps. L’œuvre du Malin plane sur l’ensemble de l’album. La ville et ses habitants semblent possédés. L’intrusion d’éléments fantastiques renforce cet aspect surnaturel. Vous l’aurez compris, la légèreté n’est pas ici de mise…
Visuellement, le travail Leila Marzocchi est tout bonnement incroyable. Utilisant la technique de la carte à gratter, elle donne à chaque case l’aspect d’une gravure. Les personnages sont figés dans des postures dignes de sculptures. Les visages n’expriment aucune joie et semblent tous droit sortis d’un tableau de Munch (Le cri). Les couleurs, où l’ocre et le noir dominent, renforcent le coté crépusculaire de l’intrigue. Finalement, c’est surtout visuellement que ce titre impressionne car le scénario reste très classique et les nombreux récitatifs, un poil verbeux, ont tendance à alourdir inutilement le propos.
Pour autant, j’ai apprécié cet album oppressant dominé par une tension psychologique de chaque instant où l’amour, la mort et la douleur tiennent les premiers rôles. Encore un joli cadeau de Mo’ qui, après Courtney Crumrin et Salvatore, parvient de nouveau à faire mouche en me faisant découvrir une œuvre que je ne serais jamais allé chercher par moi-même dans les bacs de mon libraire. Un grand merci à elle, dont je ne louerais décidément jamais assez les talents d’amatrice plus qu’éclairée du 9ème art.
La ballade de Hambone T1 de Leila Marzocchi et Igort, Éditions Futuropolis, 2009. 64 pages. 15 euros.
Le challenge Palsèche