Magazine Europe

Une fois de plus l’histoire s’arrête au Kosovo

Publié le 14 février 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Public Domain: Vitina, Kosovo January 2000 by Sean A. Terry, U.S. Army (DOD Photo 000109-A-4385T-005)

Le dimanche 17 février 2008 deviendra-il le jour de l’indépendance kosovare, jour que des générations et des générations fêteront ? Ce jour sera-t-il le nouveau départ d’un embrasement des Balkans, d’une nouvelle guerre froide et la manifestation d’une nouvelle incurie européenne ? Peut-être bien…

En tout cas, une nouvelle fois l’histoire fait étape au Kosova ou Kosovo i Metohija selon que l’on adopte les dénominations albanaise ou serbe. De 1389 et la fameuse bataille de Kosovo Polje où, face à l’armée ottomane, se construisit les grands mythes fondateurs de la nation serbe, à 1999 et les bombardements des forces de l’OTAN, le Kosovo a été ottoman, serbe, albanais, yougoslave et à nouveau serbe. Depuis cette date, il est à tout le monde et à personne. Berceau historique et religieux d’une Serbie amputée à plusieurs reprises ces quinze dernières années, il est aux Serbes si on s’en réfère au droit international et à la résolution 1244 des Nations-Unies. Mais il est aussi aux Russes qui en font un objet de confrontation avec les Etats-Unis au nom d’une puissance retrouvée. Il est également aux Etats-Unis dont l’objectif est d’étendre un peu plus leur influence dans l’ancien glacis soviétique. Il est enfin à l’Europe qui tente d’associer les Balkans à une dynamique d’adhésion, seul moyen de vaincre les démons du passé.

Mais le Kosovo appartient avant tout à ses habitants, Albanais et Serbes du Kosovo. C’est à eux de savoir ce qu’ils veulent pour leur avenir et leurs enfants. Même s’ils ne sont pas les seuls à décider, ils doivent se demander si rester au sein de la Serbie, dans le cadre d’une autonomie élargie et renforcée les protègera plus de la guerre que de vivre dans un Etat indépendant qui reste très largement à construire. Même si on ne peut que retarder et non empêcher l’indépendance d’un peuple, il faut bien se garder, dans cette région, de retrouver ses réflexes nationalistes car là-bas, peut-être plus qu’ailleurs, le nationalisme c’est la guerre.

Le Kosovo est-il une boîte de pandore, un précédent qui pourrait réveiller tous les nationalismes et faire exploser l’ensemble des conflits gelés (Abkhazie, Transnitrie) et même la Bosnie-Herzégovine ? Céder à un tel chantage, c’est aussi avoir une vision réductrice des relations internationales. Chaque problème a sa solution particulière, il n’existe pas de solution unique applicable à tous les conflits. Et pourquoi vouloir résoudre cette nouvelle crise du Kosovo alors que le conflit israélo-palestinien perdure depuis soixante ans ? Affirmer une telle chose, c’est se rendre moralement coupable de crimes contre l’humanité lorsqu’on pense au nombre de morts, d’injustices, de conflits periphériques et de générations élevées dans la haine de l’autre qu’a causé et que cause toujours ce conflit.

Alors le 17 février prochain, l’Europe et le monde a rendez-vous avec son histoire. Ses dirigeants seront mis face à leurs responsabilités et inscriront soit leurs noms au fronton de la paix, cet idéal bien souvent battu en brèche, ou de la guerre et rejoindront ceux de Sarajevo en 1914, de Jasenovac en 1942, de Srebrenica en 1995 et de Pristina en 1999.

Laurent PFAADT

Crédit photo : David Shapinsky/FlickR 


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossiers Paperblog