Un soldat entravé ...
Je me souviens j’ai vu, j’étais petit garçon
Un soldat fatigué marchant en caleçon
Il était enchaîné, une bête entravée
Couvert de boue de sang, de blessures gravées.
Il porte sur son dos le mépris de ces gens
Ceux qui le condamnèrent infâmes, outrageants
Déversant sur ce bouc leur peur envahissante
En gardant bien pour eux, des amours complaisantes.
Il marche vers la mort sans savoir où il va
Dans cette haie de gens lui hurlant des vivats
Il marche sans savoir qu’au creux de la vallée
La mort l’attend déjà au bout de la coulée.
Son esprit n’est que vide, il n’a plus de pensée
Loin de tout, loin d’ici, il n’est pas au procès
Il est dans ce lit blanc, dans ce lit en dentelles
Cadeau de ses amis et de sa parentèle.
La nuit fut merveilleuse, une nuit de bonheur
La joie et le plaisir firent qu’il oublia l’heure
Et ce sont les gendarmes qui vinrent le déloger
De la couche nuptiale sur l’épouse allongé.
Le combat engagé il n’était pas présent
Au sein des régiments, citadins, paysans
Envoyés par wagons, dans ces sanglants charniers
Pour servir la seule gloire de tous ces galonniers.
Qui siègent en leur conseil serviteurs de la mort
Il manque une victime et c’est là leur remord.
Il ira au supplice, fusillé pour le nombre
Qu’à la masse des tués il ne fasse d’ombre.
La femme est effondrée elle ne comprend pas
Pourquoi l’homme qu’elle aime est conduit au trépas
Pourquoi en temps de guerre l’amour serait un crime.
Pourquoi les amoureux sont de ceux qu’on opprime ?
Message, de paix, d’amour invisible et puissant
Au secret de son corps, ce corps attendrissant
Deux principes sont unis qui feront un humain
Qui connaitra aussi la rudesse du chemin.
Tout comme cette femme portant en elle l’espoir
Je garde en mon esprit, un bijou en sautoir
Que tout se continue, que la vie est trop belle
Et qu’après la torture me reviendra Noëlle.