Écrit par La Nouvelle Expression
Ainsi a parlé avec insistance Emmanuel Bondé au cours de la conférence de presse qu'il a donnée hier à l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (Enam). Au sujet de ce dossier du recrutement spécial des 25 000 personnes à la Fonction publique, lancé le 10 février dernier par le chef de l'Etat. Et dont les candidats retenus devraient en principe être pris en charge dès juillet prochain. Si le Premier ministre a tôt fait de créer dès le 18 février le cadre organique de l'opération de suivi dudit processus, depuis la clôture de la réception des dossiers le 14 avril dernier, on attend les résultats. Interpellé plusieurs fois par la presse et le Parlement, le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra) a souvent tenté de réitérer la confiance de l'opinion sur ce dossier, sans visiblement convaincre, tant à chaque fois que l'homme se retrouve face à ces interlocuteurs, il ne manque pas d'être invité à s'y prononcer.Face à la presse hier, l'homme a tenté de dissiper les malentendus nés de la longue attente. «Actuellement, nous continuons à traiter les dossiers», s'est contenté le ministre. Un exercice qui était censé se terminer le 31 mai, avec la publication des listes définitives, selon une date annoncée par le Premier ministre devant l'Assemblée nationale lors de la session parlementaire de mars dernier. Dans une chronologie rendue publique par les services du Minfopra à l'occasion de la conférence de presse d'hier, aucune date n'est fixée pour cela. On y apprend seulement que l'authentification des diplômes devrait avoir commencé le 6 juin dernier.
Pour Emmanuel Bondé, «il y a des réalités et des contingences qui conduisent au prolongement de l'analyse technique» engagée le 19 juin. Ce sont notamment les erreurs volontaires ou non dans le remplissage des dossiers, les cas de dépassement d'âge et de dépôt multiples alors qu'il était dit que chaque candidat ne devrait déposer qu'une seule candidature. Mais le retard dans l'acheminement des dossiers depuis certaines ambassades. Notamment les Etats-Unis, et surtout «la Côte d'ivoire qui avait sollicité un moratoire», selon le Minfopra.
Le défenseur du gouvernement dans ce dossier qui fait beaucoup jaser, fait le point de l'évolution du processus : pour l'instant, 305 574 dossiers ont été reçus dans les régions, soit 99,53% (avec respectivement le centre, le littoral et l'Ouest qui arrivent en tête des meilleurs scores). 1428 dossiers ont été reçus dans les ambassades. De ces 305 574 dossiers, on apprend que les candidates masculines dominent avec 52,651%, et que 0,1777% des dossiers appartiennent à des handicapés.
Opacité sur les critères de sélection
Mais Emanuel Bonde a insisté sur l'authentification des diplômes qui a pris beaucoup de temps à cause de «la diversité des institutions qui les ont délivrées, tant au Cameroun qu'à l'étranger». Mais aussi et surtout, «nous avons découvert la force de nuisance des candidats», a déploré le ministre qui déclare qu'«il faut se réajuster face à l'adversité». Indiquant que l'heure est à «l'assainissement», avant de choisir «la meilleure expertise». Rassurant l'opinion que le processus n'est pas au ralenti du fait d'un handicap financier : «toute opération de recrutement à la Fonction publique survient après deux préalables : nous commençons par identifier les besoins, puis nous nous assurons de la soutenabilité des dépenses y afférentes», précise le Minfopra. De même que le patron des Fonctionnaires camerounais dément tout lien avec la réticence affichée par le Fmi et la Banque mondiale.
En revanche, l'homme qui s'est donné une heure pour convaincre l'opinion via la presse, de continuer à faire confiance au gouvernement sur le sujet, n'aura pas convaincu. Puisque la question sur les critères de sélection, revenue plusieurs fois, ne trouvera pas de réponse. Entre l'idée des quotas soutenue par des députés, et l'âge [avancé] avancé par le ministre lui-même il y a quelques temps sur les antennes de la télévision nationale, Emmanuel Bonde pense qu'il n'est pas encore temps d'en parler. «Le moment venu, on vous informera», s'est-il contenté. En lâchant tout de même que «l'âge et la technicité sont des critères», mais réfutant désormais que les jeunes pourraient être lésés. Au regard de l'insistance des journalistes à en savoir plus sur cette question, de même que celle d'une date (même probable) de proclamation des résultats, et des raisons du retard dans la procédure, il parait que le Minfopra n'a pas atteint son objectif. Finalement, Emmanuel Bonde a lâché que «le Premier ministre a donné au comité technique au plus tard le 31 décembre 2011 pour rendre sa copie ; si cela est simple, on peut aller vite, mais je ne peux pas aller au-delà».