La Ville de Grenoble est de plus en plus présentée comme la prochaine conquête des Verts en 2014 même si désormais la candidature de Cécile Duflot dans ce cadre est officiellement écartée par ses représentants locaux.
A quelques heures du débat ce soir à Grenoble entre Eva Joly et Nicolas Hulot, Grenoble semble progressivement passer sur le plan national comme la "capitale des Verts". Les Verts placent ouvertement la Capitale du Dauphiné dans les premières places de leur tableau de chasse pour 2014.
C'est une situation qui mérite examen.
1) Concernant les primaires, les primaires écolos montrent tout le ridicule de la transposition en France d'un mécanisme américain. Rien n'est comparable et s'en remettre à 260 votants par département est un "filtre" bien partial.
Le résultat n'a rien de surprenant. Il avait été annoncé de longue date.
2) Dans ce contexte, pourquoi les Verts considèrent-ils que Grenoble est leur "ville clef" ? Plusieurs raisons plaident dans ce sens. Tout d'abord, ils font de bons scores électoraux à l'exemple des dernières cantonales. Ensuite, ils représentent l'opposition locale face à une droite totalement absente. Enfin, ils considèrent que la sociologie de cette ville les porte compte tenu des groupes influents qui correspondent à leurs "viviers électoraux" classiques.
Mais cette situation peut beaucoup bouger.
Tout d'abord, la "droite classique" peut se reconstituer et mieux occuper sa fonction d'opposante ayant vocation naturelle à incarner l'alternance.
Ensuite, le PS peut retrouver des "couleurs" et creuser un nouvel écart devant les Verts là où maintenant il est au coude à coude.
Enfin et surtout, il faudrait que le débat de fond retrouve sa place pour expliquer ce que serait une gestion d'une Ville par les Verts. Les Verts français sont très éloignés de leurs homologues allemands qui ont intégré beaucoup de contraintes de gestion. La fragilité de Nicolas Hulot, "Vert" trop "bleu" aux yeux des militants écologistes, a montré l'immensité de ce fossé.
La force des Verts à Grenoble réside surtout dans leur capacité à occuper le vide, sans beaucoup parler des réalisations qui seraient les leurs et en faisant oublier que, pour deux des trois mandats du PS sur cette ville, ils ont été des partenaires de gestion à part entière de la majorité PS - PCF.
Grenoble aurait pu être la Capitale des Verts par action, une sorte de Vancouver à la française avec une qualité et un esthétisme de vie. A l'opposé, elle est réclamée comme capitale par omission : faute d'être dans une majorité et faute de réalisations comme si tout restait à faire ... demain.
C'est une logique pour le moins originale.