Le cannabis reste de loin la drogue la plus consommée en France et son usage demeure relativement stable. Ce sont les conclusions d'un baromètre santé publié mercredi 29 juin par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) et l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
"Parmi les drogues illicites, le cannabis reste de très loin la substance la plus consommée, avec 13,4 millions de personnes à l'avoir déjà essayé", précisent les organismes. En 2010, un tiers (33 %) des adultes de 18 à 64 ans avaient fumé du cannabis au moins une fois dans leur vie contre 29 % en 2005, d'après ce sondage mené auprès de 27 653 personnes.
Si le nombre d'"expérimentateurs" a augmenté d'un million de personnes en cinq ans, cette hausse est toutefois "mécanique", affirme l'étude, qui l'explique par "un effet de 'stock' des générations anciennes de fumeurs".
L'usage, lui, reste stable. "En 2010 tout comme en 2005, la part des personnes ayant consommé du cannabis dans l'année se situe autour de 8 %, et de 4 % pour celles qui en ont consommé au cours du mois", selon l'enquête.
En France, le nombre de fumeurs réguliers (plus de dix fois par mois) s'établit à 1,2 million de personnes, majoritairement des hommes et des jeunes.
La France, au cinquième rang européen au niveau de la consommation de cannabis, conserve une des législations les plus répressives d'Europe.
Un groupe de députés de gauche, dont Daniel Vaillant, a préconisé mi-juin une "légalisation contrôlée du cannabis", afin de "faire baisser la consommation et les risques qu'elle engendre" tout en réduisant la criminalité. Toutefois, près de six Français sur dix (58 %) sont opposés à une dépénalisation du cannabis, selon un récent sondage.
Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanies (Mildt), a répété mercredi être opposé à la dépénalisation en estimant que "l'interdit marque les esprits". "On est assez satisfaits d'avoir réussi à maintenir la stabilisation du cannabis", a-t-il commenté.
La consommation de cocaïne, deuxième produit illicite le plus consommé en France, touche dix fois moins de personnes que le cannabis mais expérimentation et usage sont en "augmentation significative", selon l'enquête. En 2010, 3,8 % des 18-64 ans avaient expérimenté la cocaïne, contre 0,8 % en 1992.
Un hausse qui reflète la "démocratisation" de cette drogue autrefois réservée aux catégories aisées, note l'enquête.
Ce sondage a enfin permis de constater "une légère hausse de l'expérimentation d'héroïne", à 1,2 % des 18-64 ans en 2010, et un recul de l'usage d'ecstasy.
Les poppers, substances inhalées pour leur effet euphorisant et dont l'usage est en hausse, vont eux être totalement interdits à la vente en France, selon la Mildt.