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La nomination de Christine Lagarde à la direction du FMI en remplacement de Dominique Strauss-Kahn n’annonce rien de bon pour les Grecs, pas plus d’ailleurs que pour les Irlandais, les Portugais et les Espagnols. … Et après-demain pour les Français. Car, n’en doutons pas, notre tour de régler la facture pour les errements des banquiers viendra. Organisé par la troïka constituée de la Commission européenne, de la BCE et du FMI. Mais rien de ces sombres perspectives ne saurait entamer l’enthousiasme des économistes bien-pensants qui sévissent sur nos grands médias, et qui tous, dans un formidable cocorico, se réjouissent en chœur en un concert de louanges, de cette nomination. Même la Première secrétaire socialiste, ci-devant candidate aux primaires, veut y voir une chance pour l’Europe, tout en s’en dédouanant avec une rouerie consommée. Elle fait semblant de croire que nommée à ce poste, la ministre Lagarde changera et abandonnera ses idées ultra libérales.
Soyons lucides ! Les peuples européens n’ont rien à attendre qui leur soit favorable de cette ultra libérale dogmatique et inflexible, laquelle n’a jamais consenti à la moindre mesure sociale pendant les quatre années qu’elle vient de passer à la tête du ministère de l’Économie et des Finances. Qu’il s’agisse du pouvoir d’achat, en refusant systématiquement le moindre coup de pouce au SMIC au-delà de sa misérable formule de revalorisation, alors que dans le même temps s’envolaient les profits. Ou encore de modérer l’âpreté au gain de firmes comme Total, empressées de répercuter à la pompe la moindre augmentation du prix du pétrole brut, mais omettant systématiquement d’en répercuter l’intégralité des baisses. Il suffisait d’observer à l’époque son hostilité déclarée à la taxation des superprofits des compagnies pétrolières consécutifs à la crise pour s’en convaincre. Et la voir financer à regret, mais sur les deniers publics, la dérisoire prime à la cuve.
Un exemple parmi tous est particulièrement significatif de la haine de classe ou du mépris – c’est selon – que voue cette très grande bourgeoise aux plus modestes. Il concerne la poignée de survivants de la grande grève des mineurs de 1948. Férocement réprimée par Jules Moch, le ministre de l’Intérieur du gouvernement de l’époque, elle conduisit au licenciement de quelques trois mille d’entre eux à l’issue d’une lutte parmi les plus dures et les plus longues de l’histoire ouvrière. Au mépris total du Code du Travail qui fut allègrement piétiné. Constitués en association, les quelques survivants de cette époque, leurs descendants et ayant-droits – au total une trentaine de personnes –, attaquèrent l’État en justice il y a quelques années, et, au terme d’une longue procédure, parvinrent dernièrement en appel à le faire condamner. Pour le préjudice qu’ils avaient subi, le dédommagement que les tribunaux leur accordèrent devait tout au plus représenter quelques centaines de milliers d’euros à se partager. C’était beaucoup trop !
L’État, en la personne de son ministre de l’Économie et des Finances d’alors, Christine Lagarde, a décidé de faire appel de cette décision devant la Cour de cassation. Christine Lagarde, qui a tout fait par ailleurs – ce dont elle devra probablement rendre compte un jour prochain devant la justice – pour permettre à Bernard Tapie, le protégé de Nicolas Sarkozy, via un tribunal arbitral, d’empocher la somme record de 45 millions d’euros au titre du préjudice moral dans l’affaire qui l’opposait au CDR, l’organisme chargé de solder les sombres histoires de la Société Générale, notamment celle du rachat d’ADIDAS.
Pour celles et ceux d’entre nous qui auraient eu le moindre doute sur la vraie personnalité de la nouvelle directrice du FMI, les voici à présent éclairés. Les peuples européens, quant à eux, n’ont qu’à bien se tenir !
Reynald HarlautParti de Gauche – Front de Gauche
Sources : • Le Canard enchaîné du 22/06/2011.• « Là-bas si j’y suis », La grève des mineurs de 1948, série de trois émissions de Daniel Mermet sur France Inter, du 14, 15, 16 juin 2011.www.la-bas.org• La Matinale de France Inter du 29/06/2011.• Le Monde diplomatique de Juillet 2011. « Ne rougissez pas de vouloir la lune », article de Serge Halimi.