»Dans une démocratie, parce qu’ils portent à la connaissance du public la réalité de la guerre, et les éventuels débordements, les journalistes sont des vigies indispensables. Peut-être est-ce là ce qui gène le gouvernement: que les Français soient informés d’une guerre qui s’enlise, sans stratégie de sortie » ¹
Le sujet est délicat. Je ne voulais donc pas l’aborder comme j’en ai trop fâcheusement l’habitude de manière éruptive, mais avec le temps du recul. Je ne voudrais pas donner en effet l’impression d’instrumentaliser un heureux événement. Car c’en est un, assurément.
Cependant, je n’oublie pas. Nous n’oublions pas qu’un Président de la Républiqueen exercice (vivement sa retraite) a tenu des propos constituant une rupture sans précédents avec les usages de la fonction. Des propos de nature polémique sur l’engagement des deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Des journalistes de la Télévision Publique qui plus est… ou ce qu’il en reste, après le passage de la RGPP et la férule du Président. Ils ont pourtant et c’est tout à leur honneur servi la liberté de la Presse, en se battant au péril de leur vie, avec les armes qui sont les leurs, pour la défendre. Ces deux là qui comme d’autres avant eux (Florence Aubenas, Christian Chesnot, Georges Malbrunot, Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, et combien d’autres encore ? …) et je l’espère après eux, se font une haute idée du traitement de l’information, et ne se résignent pas à voir résumé leur métier au seul relais de dépêches d’une AFP que notre Président voudrait d’ailleurs bien voir supprimer. Au profit d’agences étrangères ?
Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, libérés mercredi après dix-huit mois de captivité en Afghanistan, sont donc arrivés aujorud’hui, en France, à 08h45 à l’aéroport de Villacoublay, près de Paris, où Nicolas Sarkozy et son épouse les ont accueillis dans la discrétion sur le tarmac.
Il vaut effectivement mieux qu’ils soient discrets… Nous n’oublions pas.
¹ Martine Aubry, citée ici.